PAROISSE NOTRE DAME DE LA CÔTE FLEURIE
Communauté Locale de Deauville
MESSE DE LA VEILLEE PASCALE
20 AVRIL 2025
 
 
Frères et sœurs bien-aimés,
Nous venons d'entendre un récit bouleversant, lumineux, presque surréel, celui du matin de Pâques. Ce n'est pas un conte. Ce n'est pas un rêve. C'est le témoignage brut d'un évènement qui a changé le cours de l'histoire humaine. Plus que jamais, le message du tombeau vide peut transformer nos vies. Il s'agit d'être attentif à l'annonce de l'ange et de ne plus fixer ses yeux sur le tombeau. Comment alors ne pas accueillir le message du ressuscité et nous hâter à sa rencontre ?
 
Au petit matin, des femmes, courageuses et fidèles, viennent accomplir un dernier geste d'amour. Elles pensent trouver un cadavre à embaumer, mais elles rencontrent une absence et une parole : "Alors qu'elles étaient désemparées, voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant. Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Ils leur dirent : Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n'est pas ici, il est ressuscité." Voilà le cœur de notre foi : le Christ est vivant.
 
La bonne nouvelle, inouïe, renversante, est la source d'une espérance qui traverse les siècles, les douleurs, les doutes. Cette espérance ne nie pas la croix. Elle affirme qu'au-delà de toute mort, il y a la vie.
 
Aujourd'hui encore, tant de "tombeaux" semblent sceller nos vies : celui de la guerre, de la solitude, de la maladie, du deuil, des échecs personnels. Tant de situations nous laissent comme ces femmes désemparées, désorientées, cherchant un sens. Fort heureusement, l'annonce de Pâques vient nous rejoindre là, précisément dans le lieu du désespoir.
 
Entendons-nous la question posée par l'ange aux femmes : "Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?" Il ne s'agit pas de chercher à répondre. Cette question n'est pas un reproche. Elle est une invitation à ne pas rester figés sur ce qui est fini, à ne pas vivre dans le passé, ni dans la peur. Les premiers témoins de la résurrection, ces femmes, Marie Madeleine, Jeanne, Marie mère de Jacques et les autres femmes qui les accompagnent, ont des vertus à nous transmettre. Elles ne sont pas restées immobiles. Elles se lèvent tôt. Elles avaient préparé des aromates. Leur geste montre qu'elles voulaient entretenir le tombeau du Christ, le garder par respect et par amour pour celui qui a passé sa vie à faire du bien. Leur unique espoir était la parole du Christ qui avait annoncé sa Résurrection, et c'est dans ce souvenir que la foi renaît. Frères et sœurs, quelles sont les paroles du Christ que nous devons aujourd'hui nous rappeler ? N'est-ce pas celles qu'il a dites à nos cœurs, dans la prière, dans des moments de paix ou d'épreuve ? Pâques, c'est aussi retrouver la mémoire de notre foi, raviver cette flamme intérieure que la vie, parfois, essaie d'éteindre. Ces femmes nous apprennent que la vie est aussi entretenir la mémoire des défunts. La distance qui nous sépare avec eux est un vide. Comment alors vivre avec l'absence d'un être cher, comment comprendre le vide qui ne cesse de nous tourmenter : "Il n'est pas ici".  N'est-ce pas une évidence ? Mais alors où devrons-nous le trouver ? La foi exige de ne pas s'arrêter. Elle est une invitation à tenir debout devant le vide de nos vies, devant l'absence de l'autre. Avons-nous souvent l'impression d'avoir cherché au bon endroit, la vie, celle que Dieu nous donne ? Elle n'est pas au tombeau, tel est le message de l'évangile de la résurrection du Christ.
 
Frères et sœurs, que le tombeau vide devienne pour chacun de nous un appel à vivre debout. A porter cette espérance que rien, ni la mort, ni l'échec, ni l'indifférence, ne peut étouffer. Le Ressuscité marche avec nous, souvent de façon discrète, mais réelle. Le message de la résurrection rencontre beaucoup d'obstacles. Il est d'abord rejeté par les apôtres eux-mêmes. Pierre court, voit les linges et s'en retourne, tout étonné. Il n'a pas encore compris. En réalité, il est en route. Comme nous, parfois, nous ne comprenons pas tout, mais nous marchons. Ce n'est pas parce que nous n'avons pas trouvé qu'il n'y a pas quelque chose, une vérité qui tarde à venir, une parole qui ne s'entend que tardivement. La recherche de Dieu, celle de la vie elle-même, ne correspond pas aux résultats des clics d'internet. Dieu on ne le trouve que quand on s'arrête de le chercher pour vivre avec lui car il n'est pas un résultat. Il est la vie elle-même. Nos contemporains ont du mal à accepter qu'au-delà de la mort, une vie sans fin nous attend. Pour nous, sans la résurrection du Christ, dit Saint Paul, vaine est alors notre foi. Telle est la force de notre foi.
 
Comment alors annoncer cette "folie" de l'amour de Dieu qui renverse les pierres, qui ouvre les tombeaux, qui relève les vivants ? L'apôtre Saint Paul nous assure la pratique à suivre : "Frères, dit-il, nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c'est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts". Puisse la résurrection du Christ nous donner la force de mener une vie nouvelle. Avec Sainte Thérèse, redisons avec nos catéchumènes : "C'est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l'amour". Alors en cette nuit de Pâques et les jours à venir, levons les yeux. Ecoutons l'ange nous annoncer la bonne nouvelle : "Il n'est pas ici. Il est ressuscité". Nous qui sommes plongés avec lui dans sa mort, ressuscitons avec lui, en plaçant notre confiance dans l'unique sauveur : Jésus Christ, hier, aujourd'hui, demain et toujours. A lui, l'honneur, la gloire et la puissance pour les siècles des siècles.
 
Père Sylvestre SAGNA 
Homélie de la Veillée pascale (20 avril 2025).
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