HOMELIE DU 5ème DIMANCHE DU TEMPS DE PÂQUES
PAROISSE NOTRE DAME DE LA CÔTE FLEURIE
DEAUVILLE
 
"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres."
(Jn 13, 31-33a.34-35)
 
Chers Frères et sœurs,
L'évangile de ce jour pourrait en effet porter ce titre touchant et profond : le testament de l'amour. Et c'est bien à une lecture solennelle de ce testament que nous sommes conviés. Aujourd'hui, nous sommes comme rassemblés dans le cabinet d'un notaire. Non pas un notaire ordinaire ; il s'agit d'être attentif au message d'un notaire céleste, qui nous ouvre l'ultime volonté de Jésus-Christ. A l'approche de sa Passion, au moment où les heures sont comptées, Jésus ne parle pas d'un héritage matériel, de biens à répartir, de comptes à solder.
 
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : "petits enfants, c'est pour peu de temps encore que je suis avec vous". L'heure finale est un moment solennel. L'avenir de l'Eglise et de l'humanité se joue dans ces dernières paroles de Jésus : "Je vous laisse un commandement nouveau". Jésus laisse un acte d'amour. Un acte de foi vivant, un testament spirituel qui n'est rien d'autre que ce commandement nouveau : "aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés".
 
Dans tout testament, il y a un legs. Quelque chose est donné, transmis. Dans le cas de Jésus, ce qui est donné, c'est l'amour. Pas n'importe quel amour. Ce n'est pas un amour sentimental ou conditionné par la réciprocité. Ce n'est pas un amour éphémère ou intéressé. Le testament de Jésus, c'est un amour qui lave les pieds, un amour qui pardonne les traîtres, un amour qui va jusqu'au bout, jusqu'à la croix. C'est un amour qui ne cherche pas à être aimé en retour. Il choisit d'aimer, même jusqu'à l'extrême. Et voici que Jésus fait de cet amour la marque de fabrique de ses disciples. Il ne dit pas : "on vous reconnaîtra à vos belles Eglises", ni à vos doctrines, ni à vos rites. Il dit : "A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres". C'est donc l'amour fraternel vécu concrètement qui devient l'empreinte visible de notre foi.
 
Un testament n'est pas une simple lecture. Il appelle à une réception, et souvent, à une mise en œuvre. C'est une invitation à hériter de la patience dans les blessures, du silence dans l'incompréhension, de l'humilité dans la confrontation. Nous ne pouvons être de vrais héritiers du testament d'amour que si nous acceptons de nous entraîner avec l'exemple de la vie des saints, de l'endurance des apôtres et de l'expérience des hommes et femmes de bonne volonté assoiffés d'un monde plus fraternel.
 
Lorsque nous lisons l'évangile comme ce testament de l'amour, nous devons aussi nous poser la question suivante : suis-je un héritier digne de ce testament d'amour fraternel ? Si le Christ est l'aîné d'une multitude de frères, nous sommes alors membres d'une fraternité au-delà des limites biologiques, territoriales et économiques. Et dans notre monde, combien cet héritage est précieux et nécessaire ! Un monde où le dialogue se rompt facilement, où les différences deviennent des murs, où les blessures s'infectent faute de pardon. C'est à l'aune de nos fractures, de nos mises en danger du legs à transmettre aux futures générations que l'amour évangélique devient un acte révolutionnaire, un engagement, une force de paix.
Être héritier du Christ, c'est donc choisir de vivre l'amour.
Là où règne l'indifférence, c'est offrir la paix.
Là où triomphe la violence, c'est tendre la main.
Là où d'autres ferment le poing, c'est ouvrir le cœur.
Là où les frères ne s'adressent plus la parole, c'est la voix du Pape Léon XIV qui doit se faire entendre : "discutons, dialoguons, faisons la paix".
 
Si la nature du scorpion est de piquer, la nature de l'homme et de la femme est d'amour. Merci à toi Jésus de nous aider à mettre en valeur nos fêlures et nos cassures avec la laque et l'or de ton testament d'amour. Notre fraternité humaine et chrétienne prendra vie pour devenir une ode au temps qui passe. Aussi ton Eglise rayonnera et scintillera de mille feux, au-delà de toutes les frontières grâce à l'amour que nous aurons les uns les autres.
 
Vive le Christ, vive l'Eglise, vive les hérauts de la pratique de l'amour fraternel.
Aujourd'hui et pour les siècles des siècles.
 
 
Père Sylvestre SAGNA
Photos Annie Gourmel.
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Photos Annie Gourmel.
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