Sainte famille.
05 janv. 2014Extraits homélie Sainte Famille A 2013
Noël n’est pas seulement l’image d’un nouveau-né mais aussi d’une famille, unique certes, mais cependant une vraie famille qui vit la fidélité, la délicatesse, la générosité...qui vit des moments d’épreuve et des moments de bonheur.
L’évangile de ce jour nous invite à regarder Joseph...dimanche dernier nous le voyions adopter Jésus et lui donner des racines dans l’humanité et l’intégrer dans la lignée de David...Aujourd’hui nous le voyons recevant une révélation intérieure ...prenant une décision et agissant pour que Jésus échappe au danger...emmenant Jésus et Marie en Egypte et les ramenant le moment voulu...Joseph nous apparaît comme un homme aimant, décidé, qui assume ses responsabilités...un homme consistant ! A son contact Jésus va forger sa personnalité. Je crois qu’à travers la grande qualité humaine de Jésus nous percevons quelque chose de la personnalité de Joseph qui a participé à son éducation.
A coté de Jésus et de Joseph : Marie. Elle est tout juste mentionnée ici. Elle l’est davantage dans d’autres textes... Marie a vécu ce que vivent toutes les mères...Elle a mis Jésus au monde physiquement et spirituellement...Elle lui a appris à prendre peu à peu son autonomie et l’a préparé au jour où il partira pour assumer ses responsabilités, comme le fait toute mère.
L’évangile nous dit que la famille de Jésus, Marie et Joseph vient habiter à Nazareth. Là Jésus vit avec Joseph et Marie, qui sont tournés vers l’Eternel, Dieu d’amour, qui s’aiment d’un amour qui inspire leurs attitudes entre eux et envers lui.
Un enfant, pour se construire, a besoin non seulement de parents qui l’aiment, mais encore de parents qui s’aiment...Cela lui donne un climat favorable à son épanouissement...L’équilibre de Jésus nous dit quelque chose de l’amour, de la délicatesse, de l’attention réciproque vécues par Marie et Joseph.
La première lecture et St Paul demandent aux enfants d’écouter leurs parents et aux parents de ne pas exaspérer leurs enfants, ce qui ne veut pas dire qu’ils doivent exclure toute exigence mais qu’en tout ils doivent être pédagogues pour dialoguer, expliquer les raisons de leurs exigences.
Là, à Nazareth Jésus, avec Marie et Joseph, a vécu 30 années marquées par la simplicité du quotidien, 30 années de maturation... Là il vit le dialogue, le travail, la prière, le service, la participation à la vie du village, y compris ses fêtes...Là il vit avec eux des moments de tension...Souvenons-nous de l’épisode de ses 12 ans lors du pèlerinage à Jérusalem pour la Pâque...Il a fallu s’expliquer pour se comprendre...Là aussi à Nazareth Jésus a assurément été mis devant des exigences exprimées par Marie et Joseph...Tout enfant a besoin de cette vie familiale faite de tendresse, de dialogue, de confrontation, d’exigence pour se construire. La famille est bien le lieu de l’apprentissage de la vie, de l’ amour, du pardon, de la vie sociale. Jésus avait besoin de ces années à Nazareth pour mûrir, pour devenir l’homme, le prophète qu’il sera plus tard.
Dans le symbole de Nicée-Constantinople nous affirmons « Je crois en Jésus-Christ le Fils de Dieu, Il s’est fait homme »...ces derniers mots évoquent toute cette vie humaine, toute cette lente maturation, tout cette découverte.
Gardons les paroles de Paul « Revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience...supportez-vous mutuellement et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire...agissez comme le Seigneur...par-dessus tout qu’il y ait l’amour...tout ce que vous dites et faires, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus-Christ »
Comment rendre compte d’une session si intense qui avait donc pour thème « Création et salut » ? Comme cela m’a été demandé, Je livre ma petite synthèse.
Le peuple de la première alliance avait « la Pâque » comme point lumineux à partir duquel tout prenait sens pour lui. Il a fait, lors de sa libération de l’esclavage en Egypte, l’expérience d’un Dieu qui aime, libère, sauve et fait Alliance. A partir de là, il comprend peu à peu que l’amour de Dieu est bien antérieur à ce moment de son histoire, qu’il remonte beaucoup plus haut. Il comprend que l’amour de Dieu est même à l’origine de l’univers et de tout ce qui vit, que Dieu fait déjà alliance en créant. Israël affirme, en Genèse 1 et 2, qu’à l’origine de tout il y a le même amour de Dieu que celui dont il a fait l’expérience lors de la Pâque, qu’un amour, une intention, un projet traverse tout l’univers et le maintient toujours dans l’existence. Un peu comme une source ne crée pas seulement le fleuve à son origine mais le crée continuellement, ainsi Dieu n’a pas seulement créé le monde à son origine mais il le crée dans le présent. Si son « bras »cessait de soutenir le monde, celui-ci tomberait dans le rien, la poussière, comme dit le Psaume 104 .St Pierre affirme « En Lui nous avons la vie, le mouvement et l’être »(Ac 1/28)
Le peuple de la première Alliance fait aussi cette expérience : l’homme est constamment tenté de faire le contraire de ce que Dieu veut et il le fait. C’est le péché, le « non » à Dieu. Ceci est exprimé en Genèse 3. Les psalmistes demandent souvent à Dieu de les libérer de ce mal. D’ailleurs lorsque l’homme de la Première Alliance célèbre la Pâque il célèbre non seulement Dieu qui a libéré les ancêtres sous la conduite de Moïse, mais Dieu qui est en train de le libérer maintenant !
Avec la Nouvelle Alliance nous avons un autre point lumineux à partir duquel tout s’éclaire : Jésus qui est venu partager notre condition humaine, est mort et est Ressuscité. Il vit tourné vers le Père dans une continuelle offrande d’amour. Il est le « oui » parfait au Père. Il nous appelle à marcher à sa suite sur ce chemin de liberté et d’accomplissement.
Jésus révèle le vrai visage de Dieu : une communauté de trois personnes, le Père, le Fils et le Saint Esprit qui vivent, éternellement, entre eux le don, l’accueil, le partage. En Dieu il y a un amour éternellement donné, reçu, partagé. L’homme, créé à l’image de Dieu est appelé à vivre le don, l’accueil, le partage. C’est ainsi qu’il est sur un chemin de salut.
Jésus partageant la condition humaine, affronte la souffrance, en particulier lors de la passion. Il vit alors un amour parfait des hommes. Il est attentif à ceux qui sont crucifiés près de Lui. Il pardonne. Il vit un amour parfait du Père : « Père, en tes mains je remets mon esprit ». Jésus vit la souffrance en aimant, en espérant. Il met au monde la seule valeur qui sauve, l’amour. Il nous montre les attitudes à vivre lorsque nous sommes accablés par l’absurde du mal. En rendant l’esprit il fait passer en nous l’Esprit d’amour qui libère, qui sauve.
Après avoir vécu une mort assumée dans l’amour, Il ressuscite. Il passe de ce monde avec ses limites au monde du Père où il n’y a pas de limites et où triomphe la plénitude de la vie. Jésus ne ressuscite pas pour lui seul. Il veut nous partager sa Résurrection qui donne tout son sens à nos vies humaines, ainsi qu’à l’univers entier appelé à être transfiguré en Lui. Le point lumineux à partir duquel tout prend sens est en définitive la Résurrection de Jésus, notre Seigneur qui s’est fait notre frère.
Michel MARIE (St Thomas de la Touques)