Homélie de l'Epiphanie A 2014:

" Puisque c’est la première fois de l’année que nous rassemblons un dimanche...c’est de tout cœur que je souhaite à chacun et chacune de vous une année remplie de bonheurs que constituent la vie en communion avec ses proches, la réalisation de projets qui tiennent à cœur, une réconciliation tant souhaitée, l’accomplissement consciencieux de sa tâche...

Je vais me laisser guider par le déroulement de l’évangile d’aujourd’hui pour préciser mes vœux... un évangile riche dont je ne reprendrai que certains aspects. Voici donc des mages à la recherche de Jésus...Ils disent « Nous avons vu se lever son étoile »....allusion à une parole du prophète Balaam qui, 12 siècles plus tôt, disait « Je le vois, mais ce n’est pas pour maintenant : de Jacob monte une étoile » (Nb 24/17)....Les juifs comprenaient que cette étoile qui montera un jour de la descendance de Jacob sera un grand roi, et ils l’attendaient...Les mages ont « vu se lever son étoile » cela signifie qu’ils ont été informés, on sait comment, de la naissance de cet homme-étoile, et qu’alors ils se sont mis en route...

Ils sont célèbres ces mages...Peu à peu au fil des siècles, la tradition a cru devoir préciser leur identité...d’abord on a décidé qu’ils étaient trois...puis on les a vus rois en s’appuyant sur le psaume 72/10-11 qui comporte ces paroles « Les rois de Tarsis et des îles enverront leurs présents, tous les rois se prosterneront devant lui »...au 7e siècle elle leur a donné des noms : Gaspar, Melchior et Balthazar...au 15e siècle elle a imaginé que l’un était blanc, Melchior, un autre jaune, Gaspar, le 3e noir, Balthazar...Les peintres très anciens les peignaient d’âges différents...un très âgé, un dans la force de l’âge et un très jeune...une manière de dire qu’à tout âge il est possible de se tourner vers Jésus et qu’il n’est même jamais trop tard !

L’évangéliste Matthieu nous dit qu’ils venaient d’Orient...or le livre de la Genèse (2/8) nous dit que c’est à Eden, en Orient, que Dieu avait planté un jardin pour y placer l’homme et la femme et leur prodiguer son amour...et c’est dans ce même jardin, en Orient, que l’homme et la femme refusèrent cet amour, et en le refusant mirent en eux le désordre et la mort...De ce même Orient, lieu de la mort, voici que des mages partent pour aller vers celui qui est la Vie et qui vient de naître... Je nous souhaite à chacun de quitter ces lieux de mort que sont la négligence et la tiédeur spirituelle pour nous tourner résolument chaque jour, chaque dimanche, vers le Seigneur qui est la vie et qui est venu pour que nous ayons la vie en abondance.

Comme l’écrit le pape François dans son exhortation «La joie de l’Evangile » « Nous savons bien qu’avec lui la vie devient beaucoup plus pleine et qu’avec lui il est plus facile de trouver un sens à tout » (226) Les mages, des savants, sont plusieurs et ils entrent en relation avec les scribes...La démarche de foi n’est pas seulement individuelle, elle est aussi communautaire. Elle se vit en Eglise. Je vous souhaite d’aimer l’Eglise, l’Eglise locale qu’est la paroisse... Cultivons la rencontre, la bonté, l’écoute, pour mieux nous comprendre et œuvrer ensemble. Ayons des paroles encourageantes envers les autres... Le pape François écrit «Comme cela nous fait du bien de nous aimer les uns les autres au-delà de tout. Oui, au au-delà de tout...Nous avons tous des sympathies et des antipathies, et peut-être justement en ce moment sommes-nous fâchés contre quelqu’un. Disons au moins au Seigneur « Seigneur, je suis fâché contre celui-ci ou celle-la. Je te prie pour lui et pour elle ». Prier pour la personne contre laquelle nous sommes irrités, c’est un beau pas vers l’amour ! » 101)...Cultivons la cohésion de notre paroisse...et participons à sa tâche d’évangélisation. Les mages, dans leur recherche, consultent la Bible.

La Parole de Dieu est notre référence. St Jérôme disait « L’ignorance des Ecritures est l’ignorance du Christ lui-même »...Je nous souhaite à tous de cultiver la méditation de la Parole de Dieu. « Prions en Eglise » et « Magnificat » nous proposent les textes prévus pour la liturgie de chaque jour.....Une méthode simple de lecture consiste à d’abord invoquer l’Esprit-Saint puis à se représenter la scène racontée et à se poser quelques questions : qu’est-ce que le Seigneur me dit de Lui ? de moi ? Quel message m’adresse-t-il ? quel encouragement m’adresse-t-il ? quelle conversion me demande-t-il ? Quel est le mot important ? Quelle attitude de Jésus me parle ?...Dans nos bibles, la Tob, la Bible de Jérusalem et les autres il y a d’excellentes notes explicatives...Après cette méditation transformer ses découvertes en prière pour exprimer au Seigneur sa foi, sa joie, son action de grâces, l’offrande de soi pour accomplir ce qu’il espère de nous ...Parfois il suffit de s’arrêter sur un mot ou une phrase pour la ruminer, la réécouter en silence... Il est aussi excellent, en semaine, de déjà lire la Parole du Dimanche suivant. St Jean Chrysostome, évêque de Constantinople au 4e siècle disait à son assemblée : « Dans la semaine lisez la Parole...Lisez la Parole chez vous, et vous serez ainsi en mesure de mieux l’accueillir lors de l’assemblée du dimanche »...Je souhaite que nous soyons des fervents de la Parole de Dieu, c’est notre nourriture avec l’Eucharistie...Elle nous fait une âme nouvelle, une mentalité nouvelle, à la longue elle nous convertit.

Les mages se prosternent. Cultivons l’adoration du 2e jeudi de chaque mois. Le pape François écrit « Qu’il est doux d’être devant un crucifix ou à genoux devant le St Sacrement, et d’être simplement sous son regard » (264) Les mages apportent des présents....l’or était pour le roi...ils reconnaissent en Jésus leur roi...L’encens pour Dieu, ils reconnaissent en Jésus leur Dieu...La myrrhe servait à l’embaumement des corps, elle évoque l’humanité, ils reconnaissent en Jésus un homme véritable...nous avons à reconnaître Jésus homme véritable, Dieu véritable, notre roi ...Mais quel or pouvons-nous offrir à Dieu ? si ce n’est ce qui est le plus précieux à nos yeux : notre temps et nous-mêmes...Quel encens pouvons-nous offrir au Seigneur si ce n’est notre prière fidèle et quotidienne...Quelle myrrhe pouvons-nous offrir, si ce n’est notre faiblesse, notre pauvreté, pour que le Seigneur puisse y déployer sa richesse. Bonne année à chacun, à chacune de vous !

Michel Marie

Epiphanie
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