Au commencement...
06 janv. 2014« AU COMMENCEMENT DIEU CREA L’HOMME HOMME ET FEMME IL LES CREA . » (Gn 1,27 – Mt 19,4). La vocation du mariage
Comme l’enseigne le livre de la Genèse, Dieu, par amour, a créé l’homme à son image et ressemblance. (Gn 1,26-27). En l’appelant à l’existence par amour Il l’appelle en même temps à l’amour. Jean-Paul II enseigne : « L’amour est donc la vocation fondamentale et innée de tout être humain ». (les tâches de la famille chrétienne n°11). Toute personne humaine, quelle que soit sa vocation particulière, est appelée à aimer. Le Seigneur appelle certains à être religieux ou religieuses apostoliques, d’autres à être moines ou moniales, d’autres à être prêtres, d’autres encore au célibat pour le Royaume de Dieu. Tous ont à mettre l’amour de Dieu et l’amour des autres au cœur de leur vie.Le Seigneur appelle le plus grand nombre au mariage. Toute personne est aimée de Dieu et appelée à aimer.
De cette vocation, le mariage représente une des formes de réalisation. A propos du mariage le Concile Vatican II parle de « consécration » : « Les époux chrétiens, pour accomplir dignement les devoirs de leur état, sont fortifiés et comme consacrés par un sacrement spécial ». (G.S 48,2). Cette consécration a en vue plusieurs tâches :
1- Vivre un amour à l’image de Celui de Dieu. Tout au long de la Révélation qui culmine en Jésus, Dieu se révèle Amour. Il n’est pas le grand solitaire mais Il est une communauté d’amour, une communauté de trois personnes, le Père, le Fils et l’Esprit-Saint qui s’aiment de toute éternité. Le Père donne son amour au Fils, le Fils accueille l’amour du Père et le lui redonne en l’aimant. L’Esprit-Saint est le lien d’amour entre le Père et le Fils. En Dieu est vécu de toute éternité un mouvement de don, d’accueil, de partage. En Dieu existe un amour éternellement donné, reçu, partagé. « Dieu est amour et Il vit en lui-même un mystère de communion personnelle d’amour ». (Les tâches de la famille chrétienne n° 11). Le livre de la Genèse enseigne que l’homme est créé à l’image de Dieu. Chaque homme est donc appelé à vivre le don, l’accueil et le partage pour se réaliser pleinement. St Augustin disait que « l’homme est un élargissement de la famille trinitaire ». Cela est également vrai du couple homme-femme. A l’image de Dieu homme et femme mariés ont à constituer une communauté d’amour où sont vécus le don, l’accueil et le partage. En vivant cet amour ils s’entraident mutuellement à grandir humainement et spirituellement. En vivant cet amour ils avancent vers le bonheur. Là est bien l’une des finalités du mariage : l’épanouissement des époux.
2- Refléter la fidélité de Dieu à son alliance avec les hommes. L’immense richesse de Dieu se manifeste de multiples façons. Son intelligence, sa merveilleuse capacité créatrice sont manifestées par la beauté de l’univers, l’infiniment grand et l’infiniment petit, mais sa richesse essentielle, son amour fidèle, est manifesté par ceux qui s’aiment fidèlement et de plus en plus. Nous lisons en Isaïe : « Ton époux, ce sera ton créateur, dont le nom est YAHVE SABAOT … Répudie-t-on la femme de sa jeunesse ? Un court instant je t’avais délaissée, mais ému d’une immense pitié je te rassemblerai…Dans mon amour éternel j’ai pitié de toi… Les montagnes peuvent s’en aller et les collines s’ébranler mais mon amour pour toi ne s’en ira pas et mon alliance de paix avec toi ne sera pas ébranlée ». (Is 54,3-10) L’amour fidèle de Dieu est exemplaire pour la relation d’amour entre les époux et ceux-ci ont à refléter cet amour fidèle. St Jean écrit : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ». (1 Jn 4,12) Mais Il se donne à voir à travers ceux qui s’aiment avec beaucoup d’esprit de don, d’accueil, de partage, dans la fidélité et l’indissolubilité. Homme et femme qui scellent une alliance dans le mariage ont mission de refléter l’Alliance de Dieu avec l’humanité. La fidélité de Dieu se manifeste au plus haut point dans la personne de Jésus qui a pris notre condition humaine et qui ainsi s’est lié définitivement à notre humanité. Jésus est le grand « oui » de Dieu à l’humanité, la manifestation supérieure de sa fidélité indéfectible. St Paul écrit : « Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle ». (Ep 5,25). Puis, évoquant l’amour de l’homme et de la femme, il écrit : « Ce mystère est grand. Je déclare qu’il concerne le Christ et l’Eglise ».( Ep 5,31-32). Il veut dire que le mariage des baptisés en Christ a pour vocation de refléter l’amour du Christ pour l’Eglise. Les mariés en Christ ont pour mission, comme l’écrit Jean-Paul II : « d’être signe – discret et précieux, parfois soumis à la tentation mais toujours renouvelé – de la fidélité inlassable de l’amour de Dieu et de Jésus-Christ pour tous les hommes, pour tout homme ». (les tâches de la famille chrétienne 20). Ceux qui se marient dans le Seigneur ont à s’insérer à son mystère pascal de mort et de résurrection. Jésus dans sa mort sur la croix a vaincu le péché et Il est ressuscité. De même les époux ont à faire mourir toute trace d’égoïsme, d’esprit de domination, de rancune afin de ressusciter sans cesse à un amour plus grand. L’état de vie qu’est le mariage, comme toute vie, a un caractère pascal. Pour vivre ce mouvement continuel ils ne sont pas seuls, le Seigneur est là, Il leur a donné son esprit d’amour lors de leur mariage et Il le leur donne sans cesse. Pour le recevoir toujours ils ont à revenir à la source par la prière, l’Eucharistie et le Sacrement de Réconciliation.
3- Appeler les enfants à la vie et les éduquer. Jean-Paul II enseigne : « Dans sa réalité la plus profonde, l’amour est essentiellement don, et l’amour conjugal, en amenant les époux à la « connaissance » réciproque qui fait qu’ils sont « une seule chair » (Gn 2,24), ne s’achève pas dans le couple, il les rend en effet capables de la donation la plus grande qui soit, par laquelle ils deviennent coopérateurs avec Dieu pour donner la vie à une autre personne humaine. Ainsi les époux, tandis qu’ils se donnent l’un à l’autre, donnent au-delà d’eux-mêmes un être réel, l’enfant, reflet vivant de leur amour, signe permanent de l’unité conjugale et synthèse vivante de leur être de père et mère ». (Les tâches…14). La transmission de la vie confère une responsabilité : l’éducation. Vatican II enseigne : « Les parents, parce qu’ils ont donné la vie à leurs enfants, ont la très grande obligation de les élever et, à ce titre, ils doivent être reconnus comme les premiers et principaux éducateurs. Le rôle éducatif des parents est d’une telle importance que, en cas de défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C’est aux parents en effet de créer une atmosphère familiale, animée par l’amour et le respect envers Dieu et les hommes, telle qu’elle favorise l’éducation totale, personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille est donc la première école des vertus sociales dont aucune société ne peut se passer ». (Déclaration sur l’éducation chrétienne 3). Il faut souligner que lorsqu’un couple ne peut pas avoir d’enfants, ce qui constitue pour lui une grande épreuve, il a la possibilité de vivre une autre fécondité en adoptant des enfants, en s’engageant dans la société et dans l’Eglise. Il aide ainsi bien des personnes à vivre, à s’accomplir.
4- Créer une Eglise domestique intégrée à l’Eglise. En famille la foi, l’espérance et la charité sont nourries par la prière, l’écoute de la Parole et la participation à l’Eucharistie et sont vécues dans la vie de tous les jours. L’Eglise domestique qu’est la famille ne vit évidemment pas refermée sur elle-même. Elle s’enracine continuellement dans l’Eglise universelle dont elle reçoit et à laquelle elle apporte. Elle rejoint les autres personnes de tous âges pour la célébration dominicale de l’Eucharistie, elle participe à la vie de la paroisse qui est l’Eglise au milieu des hommes, en s’intégrant à ses divers groupes de prière, de formation, de service. Paul VI écrivait : « La famille, comme l’Eglise, se doit d’être un espace où l’Evangile est transmis et d’où l’Evangile rayonne ». (l’annonce de l’Evangile n°71).
5- Travailler à rendre la société plus humaine, plus fraternelle, plus chrétienne. C’est au sein de la famille que naissent les citoyens et c’est dans la famille qu’ils font leur premier apprentissage des vertus sociales qui sont dans la société l’âme de sa vie et de son développement. Jean-Paul II enseigne : « La famille est la première école fondamentale de la vie sociale ; comme communauté d’amour elle trouve dans le don de soi la loi qui la guide et la fait croître. Le don de soi qui anime les époux entre eux se présente comme le modèle et la norme de celui qui doit se réaliser dans les rapports entre frères et sœurs, entre les diverses générations qui partagent la vie familiale. La communion et la participation vécues chaque jour au foyer, dans les moments de joie ou de difficulté, représentent la pédagogie le plus concrète et la plus efficace en vue de l’insertion active, responsable et féconde des enfants, dans le cadre le plus large de la société ». (Les tâches…37). La famille chrétienne participe évidemment à des associations scolaires, sociales, sportives, culturelles, politiques pour apporter sa contribution à bâtir la fraternité et insuffler l’esprit de l’Evangile dans notre monde. Magnifique vocation que celle du mariage et de la famille, qui a besoin d’être continuellement vivifiée par la rencontre du Seigneur en Eglise.
Père Michel MARIE