Chers frères et sœurs chers amis, réunis ce soir où retentit la voix de l’Evangile selon st Jean avant de le mettre en acte par le Lavement des pieds.

L’ Evangile de Jean est le plus tardif des Quatre.

Les premiers chrétiens de sa communauté dispersée dans l’Asie Mineure ont longuement, amoureusement raconté les faits et gestes de Jésus avant qu’un écrivain inspiré   ne rassemble

les souvenirs dans les 2I chapitres de son Livre.

Nous en connaissons les rencontres fulgurantes qui amènent les lecteurs – et les catéchumènes aujourd’hui - à découvrir Celui qui est pour eux à jamais Naissance, Lumière, Eau vive, Guérison dans leur recherche de croyants.

 

Dans le récit du lavement des pieds, on pressent toute l’intensité de l’amitié entre Jésus et ses disciples. Pierre ; et Judas- qui  sera nommé dans les versets suivants.

Jean situe ce repas d’adieu inédit « avant la fête de la Pâque »

 C’est la première lecture :  la mémoire d’un Dieu qui a libéré son peuple de l’esclavage en Egypte, une nuit de printemps.

Dans l’urgence. Il faut partir ; le pain n’aura pas le temps de lever ; debout, en tenue de voyage.

Libération  ! C’est un moment fondateur pour le peuple ; ce sera son ADN  de génération en génération.

Et, chaque jour, Dieu inventera  au peuple un  chemin de liberté, promesse d’une terre d’Alliance.

 

Le rituel de ce repas d’exil, en hâte, ne pouvait pas prévoir le geste du lavement des pieds que décrit lentement l’évangéliste.

Un dernier repas, ultime message du Royaume que Jésus n’a cessé de proclamer :

« Heureux les pauvres de cœurs, heureux les doux, heureux les assoiffés, affamés de justice,  heureux les pacifiques.

Nul ne peut servir deux maitres, Dieu ou l’argent.

«  Il mange avec les publicains et  les pêcheurs. »

Les premiers seront les derniers et les derniers, premiers.

Aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien attendre en retour, et vous serez les  Fils du Très Haut. »

La violence que ce message a déclenché  conduira Jésus à la condamnation et à la mort.

 

Jésus aime jusqu’à la fin, à la mort ; de toutes ses forces pour briser les chaînes du mal  que l’humanité fait à l’humanité.

 

Ici, plus de Maître et de serviteurs, plus de Maître et de disciples, mais des amis prêts à livrer, exposer- leur vie pour les amis.

Le lavement des pieds. Un geste d’hospitalité à l’époque où on marchait en sandales sur les routes poussiéreuses de Palestine. Pour bien accueillir un visiteur, un ami, on lui faisait laver les pieds par un esclave.

Mais le lavement des pieds que décrit Jean, c’ est avoir part  avec Jésus, faire partie pleinement de son exemple.

Jésus qui retrousse ses manches, se met à genoux, s’abaisse, qui veut faire comprendre combien  son  Père  est aimant.

Le frère universel Charles de Foucauld  aimait dire  « Jésus a tellement pris la dernière place que personne n’a pu la lui ravir. » »

 

Au repas d’ adieu , Pierre est bien des nôtres. Sa première réaction est la nôtre qui avons tant de mal à croire à l’extrême de la bonté de Dieu.

«  Vous aussi, vous devez vous lavez les pieds les uns aux autres ; c’est un exemple, comme j’ai fait pour vous...pour vous et pour celles et ceux là, ces peuples en exil de fraternité, de reconnaissance, de dignité.

À l Eucharistie, nous mangeons ensemble, nous faisons corps avec Jésus – Paul dans la 2° lecture :

« Chaque fois que vous mangez...buvez.. jusqu’à ce qu’il vienne. » …pour servir avec lui l’humanité oubliée, méprisée, offensée, au bord du monde.

Le pape François, dans son message pour le Jubilé : «    Que le bien, les biens soient partagés au lieu d’être confisqués. »

Nous ne sommes pas  chrétiens pour nous -mêmes.

L’Église n’existe que pour servir.

Dans nos différentes communautés, locales ici à Deauville, de la région parisienne, au Sénégal, quand nous sommes rassemblés pour l’eucharistie, c’est d’abord pour ceux qui n’y sont pas. Non pour les y  amener absolument, mais simplement parce  que le Corps et le Sang du Christ serviteur ont été livrés, exposés pour la multitude.

Ainsi notre existence chrétienne devient profondément  liée à celle des autres et se déploie dans nos choix, nos engagements,  nos sensibilités  différentes , nos découvertes . Pour une urgence de fraternité dans un monde qui n’apprend pas trop, n’aime pas trop  la fragilité.

« Etre enfant de Dieu- écrit st Jean dans le  magnifique prologue de son Evangile, c’ est avoir reçu la Parole et croire en son nom. »  C’est faire de nous les frères et sœurs de chaque personne humaine.

Une vie fraternelle, une vie partagée.

Qui peut être trahie (  figure de Judas...amour, désamour…)

Qui peut nous rendre purs, des pieds à la tête,  bain de l’eau du baptême, en se laissant toucher, bouleverser de notre commune humanité.

Il y a urgence en cette nuit de printemps.

Georges VIMARD

Photos Annie Gourmel.
Photos Annie Gourmel.

Photos Annie Gourmel.

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