Homélie des Rameaux-Trouville sur mer.
16 avr. 2025Homélie des Rameaux -Trouville sur mer – 13 Avril 2025
La voix d’une assemblée qui lit ensemble le récit de la Passion se mêle à la voix des premiers chrétiens qui se racontaient longuement, amoureusement, les événements des derniers jours de Jésus.
Dans leurs maisons et la peur des persécutions.
Dans l’inconnu des voyages, sur les mers, les naufrages.
Dans les grandes villes païennes de l’empire.
Nous n’avons pas d’autres documents que ces récits pour nous éclairer sur le procès et condamnation, la mort de Jésus.
C ‘est plus tard que les quatre évangélistes, d’abord Marc, puis Mathieu-Luc, et Jean , le plus tardif, rassembleront les souvenirs des premières communautés et créeront ce genre littéraire unique l’Evangile, la Bonne Nouvelle, l’Heureuse Nouvelle
Ce message en cesse de s’ancrer dans le monde, ici et maintenant. Et aussi, dans la peinture, la sculpture, la littérature, la musique. Ainsi, le musicien Raphaël Pichon, et sa formation, qui commente la Passion selon St Mathieu de Jean- Sébastien Bach :
« Bach traduit et fait ressentir de manière inouïe la fragilité et les défaillances de l’humanité… un mon dérangé où l’amour et la foi sont l’unique réponse… première guérison de l’âme. »
Une crucifixion pour toutes les autres, passées et à venir,
Une mort pour toutes les autres ; le mal que l’humanité fait à l’humanité de Dieu, nous venons de l’entendre annoncée chez le prophète :
« Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’un parole, soutenir celui qui est épuisé. »
Dieu par amour fait homme qui assume jusqu’au bout le don absolu de lui même, son humanité que nous ne voulons pas reconnaître, ces morts oubliés, malfaiteurs, maudits, noyés dans la mer. Enfants abusés, peuple massacré sur la terre même de Jésus ; en Ukraine, au Soudan, et ailleurs, victimes de la violence et des pouvoirs.
« Jésus a tellement pris la dernière place que personne n’ a pu la lui ravir » aimait à dire le frère universel Charles de Foucauld.
Et déjà l’apôtre Paul, dans sa lettre aux chrétiens de Philippe ( 2° lecture )
« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu ...reconnu homme à son aspect.... »
« Abandonnez-moi ! »
Longtemps j’entendrai cette parole étrange de Jean dans sa chambre de la maison de retraite où il vit ses derniers jours.
Je portais le Sacrement des malades en présence de ses proches au moment ou il faut remettre sa vie dans des mains qui ne sont pas les nôtres, mains des soignants, … douce main de Dieu.
« Abandonnez -moi ! »
Laissez- moi seul ? Ou alors entendre au plus profond.. « Laissez- moi m’abandonner à la naissance de la vie plus forte que toute mort... »
Et me revenait la demande du Fils sur la Croix à son Père :
« Pourquoi m’as tu abandonné ? »
Dieu n’abandonne personne.
« ..Si mon père et ma mère m’abandonnent, écrit le prophète Isaïe... »
Le Père ne peut abandonner son Fils.
Ce n’est pas Dieu qui abandonne, mais l’humanité qui abandonne l’humanité, chaque fois que nous laissons Dieu seul, quand nous abandonnons une part de notre commune humanité sans nous laisser nous -mêmes toucher par toutes « les intérieur -nuit. »
« ,Intérieur- nuit.. » « .Intérieur- lumière »
Notre Dame de Paris a retrouvé sa lumière qu’elle offre à toutes et tous , croyants, incroyants...qui peut se dire bien -croyant...
A l’entrée de la chapelle axiale, un panneau discret indique :
« La couronne d’épines ; une portion du bois de la Croix et un clou de la Passion sont conservés dans la chasse- reliquaire de la chapelle axiale.
Les évangélistes Mathieu, Marc, Luc et Jean rapportent que les soldats romains, dans la nuit du Jeudi au Vendredi Saint se moquèrent du Christ et de sa royauté en le coiffant d’une couronne garnie d’épines avant de la crucifier ;
Depuis plus de 16 siècles, ces insignes reliques de la Passion sont vénérées par les croyants qui contemplent le mystère pascal et embrassent la promesse de vie éternelle que le Christ adresse à tous les hommes . »
...De ce message écrit sur un panneau au témoignage écrit de nos vies, je vous souhaite une bonne semaine sainte.
Père Georges VIMARD