Homélie du XXVI ème Dimanche du Temps ordinaire (30 septembre 2018).
31 oct. 2018XXVIème Dimanche Ordinaire -B- 30 Septembre 2018
Messe Nb 11, 25-29
Ps 18a
Jq 5, 1-6
Marc 9, 38-43-47-48
HOMELIE
Ainsi s’exclamait Moïse « Celui que Dieu rencontrait face à face » comme il est écrit dans le livre du Deutéronome.
Quelle grande et belle âme ! Quelle immensité visionnaire, ce Moïse !
Frères et sœurs, vous est-il déjà arrivé de vous trouver dans un espace orné de plusieurs miroirs ou d’immenses glaces ? Celles et ceux qui l’ont vécu vous diront l’impression d’une profondeur ajoutée à l’espace et surtout, cette vérité que les miroirs se renvoient les images et réfléchissent les lumières qui s’y projettent pour en faire découvrir d’autres aspects.
C’est ainsi que parfois, certains passages des Saintes Ecritures (la Bible) projettent une lumière en miroir sur d’autres paroles qui s’en trouvent éclairées plus que d’ordinaire. La méditation de la première lecture et de l’Evangile me font penser à la mémorable rencontre de Jésus avec Nicodème, lorsqu’il lui dit à propos de l’Esprit de Dieu : « Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » (Jn 3,8)
Cette révélation de Jésus donne à notre première lecture une splendeur nouvelle. Et justement, c’est cette splendeur et cette profondeur que demande l’accueil de la première lecture dans l’évènement qui s’y produit.
Dieu a répandu son Esprit sur Moïse. Mais aussi sur les 70 Anciens du peuple qui étaient sous la tente. Plus encore Dieu donne également le même Esprit à deux hommes qui étaient hors de la tente. Ils se mirent à prophétiser. Alors Josué dit à Moïse « Arrête-les ». La réponse de Moïse révèle la grandeur et la générosité de son cœur.
« Serais-tu jaloux pour moi ? lui dit-il. Puis il ajouta : Ah, si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux tous. » Et c’est déjà une parole prophétique, un désir précurseur réalisé à la Pentecôte (16 Nations). La première exhortation de cette parole est sur l’idée que nous nous faisons de Dieu. Dieu est Liberté souveraine. Sa générosité est sans borne, ses dons incommensurables.
L’Esprit qu’il a donné à Moïse, il veut le donner à d’autres anciens. Sa Parole n’est pas une chasse gardée. Son Esprit Saint est donné pour élargir nos esprits, nos cœurs. Les Apôtres n’ont pas compris cela. Ils voulaient empêcher quelqu’un qui exerçait son charisme de guérison en dehors de leur groupe. Ils disent à Jésus comme Josué à Moïse « Il n’est pas de notre groupe ». Une parole qui exclut et qui ne fait pas église. Il n’est pas de notre cercle. Il n’est pas de notre groupe, de notre parti, de notre syndicat. Elle est catho. Il n’est pas de notre bord politique. Il n’est pas de notre culture. Empêcher à cause de tout cela, c’est contraire à l’Esprit de Dieu.
Le sectarisme continue son chemin même dans l’Eglise. Jésus nous invite à plus de liberté et surtout la Conversion dont l’urgence est en ces mots de Jésus : « Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la … » Bien sûr qu’il ne s’agit pas là d’une invitation à se mutiler mais à se convertir, à se séparer radicalement de ce qui scandalise et de ce qui mène à la mort. Et ce par la grâce de l’Esprit Saint. Un Esprit d’humanité, de générosité et de solidarité. Là où manquent cette liberté et cette générosité, Saint Jacques estime les richesses accumulées dans l’indifférence aux pauvres comme une rouille qui en piègera les auteurs.
Voyez-vous, frères et sœurs, le chemin sur lequel nous invite la Parole de Dieu aujourd’hui est d’humanité, de liberté, de solidarité, de charité ; belles vertus que donne l’Esprit Saint.
Père Jean Parfait CAKPO