PAROISSE SAINT THOMAS DE LA TOUQUES 27 /28 Février 2016.

Homélie du 3ème Dimanche de Carême.

Ex 3,1-8a.10,13-15/ 1Co 10,1-6,10-12/ Jn 4,5-42

De la rencontre à la mission, En passant par la révélation.

Frères et sœurs bien aimés de Dieu. Il ne s’y attendait pas. Moïse, le futur guide spirituel du peuple d’Israël,la figure emblématique de la libération d’ Égypte pour la terre promise. Non,il ne s’y attendait pas du tout. Il menait paître simplement le troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Et pourtant dans ce lieu, Moïse fera une rencontre qui va bouleverser sa vie,transformer sa vision du monde et réorienter la trajectoire de ses projets. Il était attendu par le Seigneur Dieu qui se révèle à lui. Vraiment Dieu nous attend là où l’on s’y attend le moins du monde ;là où l’on ne s’y attend pas du tout. Faut-il le redire ? Elle ne s’y attendait pas non plus. La samaritaine. Elle allait chercher de l’eau au puits de Jacob. Elle ne pouvait p as imaginer ce qui l’attendait ou plutôt celui qui l’attendait et qui lui dira : « si tu savais le don de Dieu et celui qui te demande à boire … » Dans le cas de Moïse comme dans celui de la samaritaine,il y a rencontre,il y a des signes,dialogues et révélation puis envoi en mission. De la rencontre à la mission, En passant par la révélation. Toute notre vie n’est-elle pas une suite de situations improbables pour des rencontres probables ? Rencontres inattendues, inaperçues ? Dans le désert,Moïse rencontre le Seigneur , Adonaï, sous le signe fascinant du buisson ardent : le feu qui brûle mais ne consume pas. Moïse s’arrête et décide de faire un détour. Le temps de carême c’est le temps du détour salutaire. Se détourner de nos penchants mauvais. Il fait un détour et il sera retourné dans son existence. Et nous, sommes-nous assez attentifs aux signes de nos rencontres ? « Beaucoup d’entre nous ignorent l’ampleur et l’importance des signes dans nos vies. Les événements,les gestes du quotidien défilent sans que nous soyons éveillés à leur lecture,sans que la chose fasse signe. » (Marie BALMARY). Dieu ne cesse de nous faire signe. Jésus le dit clairement dans un reproche mêlé d’ironie à l’adresse des sadducéens et des scribes qui lui demandaient un signe. Jésus déclare : « Le soir venu, vous dites il va faire beau car le ciel est rouge feu. Et le matin, vous dites : aujourd’hui mauvais temps car le ciel est rouge sombre. Ainsi l’aspect du ciel,vous savez l’interpréter et les signes des temps,vous n’en êtes pas capables ? » (Mt 16,1-4) Nous Seigneur Jésus nous invite donc à être vigilants,pour déchiffrer les signes de son amour,pour scruter les signes de sa providence dans nos vies comme les catéchumènes Nadège et Didier,qui font leur premier scrutin en ce dimanche. Pour Moïse le signe du buisson-ardent lui révèle Dieu comme un feu dévorant.(Dt 4,24) Car Dieu est amour et comme l’écrit l’auteur du Cantique des cantiques : « l’amour est fort comme la mort. Ses flammes sont des flammes de feu sacré,une fournaise divine. (8,7) Et de ce feu sacré,Dieu se révèle : « JE SUIS. Je suis le Dieu d’Abraham,Dieu d’Isaac et de Jacob. » Il n’est pas Dieu pour lui-même Dans un enfermement éternel,dans une auto-contemplation narcissique. Il n’est pas solitaire. Il est solidaire de l’humanité : « J’ai vu la misère de mon peuple en Egypte. » dit le Seigneur. Et pour cette raison,Dieu envoie Moïse en mission. Il suffit de relire le projet de Dieu en actualisant ce texte et cela pourrait donner. « J’ai vu la misère,le chaos de mon peuple en Irak,en Syrie au Soudan ,Somalie… ou encore : « J’ai vu des inquiétudes de mon peuple en France en Amérique. Alors,je vous envoie en mission. Car j’ai soif de paix d’amour et de Justice,de miséricorde. Alors, donne-moi à boire. Jésus le redit comme à la Samaritaine qui ne s’y attendait . Surtout venant d’un juif par surcroît.Les samaritains et les juifs se détestaient cordialement. Et pourtant un homme de ce peuple demande à boire comme nous le demandent ces peuples venus d’ailleurs et qui ne sont pas forcément aimés ici. Au bout de ce dialogue entre Jésus et la samaritaine, celle-ci part annoncer la Bonne nouvelle à tout son village. Quelle mission pour nous ? D’abord une conversion du regard pour voir les signes de Dieu. Ensuite, conversion de la parole : « Cesser de récriminer, » (1Cor 10,11) conseille saint Paul. « Cesser de râler », pourrions-nous traduire. Enfin,il faut partager l’eau de la source qui est dans votre cœur. Donnons-lui à boire,par notre désir d’y croire. Donnez-lui à boire,dans le pauvre ,il révèle sa gloire. Donnez-lui à boire, tout en sachant que l’eau que le Christ donne est une eau jaillissante en vie éternelle. Alors,puisqu’une telle eau vivante et bondissante a creusé sa source en vous pourquoi la rendriez-vous dormante et stagnante ?

Père Jean Parfait CAKPO

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