Homélie du 4e dimanche de Carême B 15.

Jésus, avec les premiers mots de cet évangile, nous renvoie à un épisode de l’histoire de son peuple : 1250 ans plus tôt ce peuple, quittant l’esclavage d’Egypte pour aller vers la Terre Promise, marchait à travers le désert. C’était un temps d’épreuve : la faim, la soif, la fatigue, les attaques des ennemis, le découragement. A ces difficultés s’en ajoute une autre : des serpents à la morsure brûlante sèment la mort parmi les hébreux. Ceux-ci en appellent à Moïse « Fais quelque chose pour nous ». Alors Moïse, sur l’ordre de Dieu, éleva un serpent de bronze, fixé au sommet d’un mât...et tous ceux qui le regardaient étaient sauvés...Ce n’est pas le serpent de bronze qui guérissait mais Dieu lui-même qui avait ordonné de l’élever et le regarder.

Jésus part de cet épisode étrange pour parler de lui, de ce qui va lui arriver et ce qu’il va nous nous donner. « Ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé afin que tout homme qui croit en lui obtienne la vie éternelle ». Jésus va être élevé sur la croix...et là, sur la croix, il va vivre un amour immense...un amour immense du Père « Père, que ta volonté soit faite »...et un amour immense des hommes « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ».

Regarder Jésus en croix, aimant de façon si extraordinaire, nous presse d’aimer nous aussi le Père et tous les autres à son image...Regarder Jésus aimant de façon si forte nous soulève au-delà de nos médiocrités et nous met sur le chemin d’une vie nouvelle... L’amour de Jésus est contagieux, communicatif...en le regardant nous recevons cet amour et peu à peu nous nous mettons à le refléter...

Autrefois, dans le désert, les hébreux étaient mordus par des serpents. St Augustin, un grand saint du 5e siècle, commentant cet évangile, interrogeait « Quels sont les serpents qui nous mordent aujourd’hui ? »...Il répondait « le péché » c’est-à-dire nos manques d’amour pour le Seigneur et pour les autres... Le péché nous blesse, il blesse le monde...il détruit tant de personnes, tant de liens familiaux et amicaux, tant de choses... Mais Lui Jésus, sur la croix, aime parfaitement, fait totalement la volonté du Père...et quiconque le regarde, reçoit de Lui la force d’aimer qui guérit le monde et renouvelle le monde. « Quels sont les serpents qui nous mordent ? » demandait St Augustin...ce sont nos paresses, nos injustices, nos égoïsmes...Si nous luttons pour nous en libérer et si nous regardons avec insistance Jésus le Saint, Il nous purifie peu à peu et suscite en nous des attitudes nouvelles... « Quels sont ces serpents qui nous mordent ? »...ce sont peut-être nos décourageme- ments qui nous paralysent...Nous rêvons d’être meilleurs, mais nous ne progressons pas comme nous le voudrions...et des voix mauvaises nous disent « Tu n’y arriveras pas »...Jésus ,lui, nous dit « Courage. Je suis avec toi, lutte toujours, recommence ».

Il est bon de regarder Jésus et de l’écouter nous dire des paroles encourageantes, de l’écouter nous dire « Aime-moi tel que tu es » Il nous arrive de connaître le découragement devant notre monde marqué de tant de drames, de dûretés, envahi de ténèbres et dont nous sommes tentés de penser qu’il est voué à l’échec. Jésus nous dit « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique »...Dieu porte sur le monde un regard d’amour. Sa volonté est de le conduire à sa réussite...Jésus suscite des attitudes qui sauvent : le regard fraternel, la bienveillance, la passion de la vérité, l’adoration du Père qui conduit à reconnaître une fraternité universelle, fondement d’une humanité réconciliée.

Les serpents qui nous mordent...ce sont encore la peur de la mort et la crainte de notre anéantissement total. Il ne manque pas de voix autour de nous pour nous dire que la mort est la chute dans le néant...Mais qui regarde vers Jésus reçoit un autre message : « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle »....Jésus élevé sur la croix, puis dans la gloire du Père est source de vie éternelle. En suivant Jésus nous construisons de l’éternel. Regardons Jésus....un psaume dit « Qui regarde vers Lui resplendira » .

Père Michel Marie.

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