La Joie, oui la Joie !
19 déc. 2014Ecoute bien, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces que le Christ accorde à ses amis, il y a celle de se vaincre soi-même et de supporter volontiers, dans la patience et la joie profonde -pour l’amour du Christ- les peines, les injures, les reproches et les coups .
Homélie du 3e dimanche de l’Avent B 14.
Dimanche dernier, le premier mot de l’évangile était « commencement »...c’était une invitation à recommencer à croire et à nous convertir...Aujourd’hui La Parole de Dieu nous parle beaucoup de joie. Isaïe dit « Je tressaille de joie dans le Seigneur »...Marie chante « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur »...et Paul, lui, nous exhorte en nous disant simplement « Soyez toujours dans la joie »...Ces paroles ont bien belles mais elles nous rejoignent alors que nous affrontons bien des épreuves, dans notre monde, dans notre Eglise, dans nos familles et dans nos vies personnelles.
Comment recevoir l’exhortation de St Paul « Soyez toujours dans la joie » ? Où trouver une joie qui puisse résister à toute épreuve ? Jean-Baptiste, dans l’évangile, tourne nos regards vers Jésus. Comme chacun, il a connu la souffrance, l’angoisse. Il a pleuré. Mais au-delà de l’épreuve il a connu une joie profonde. Jésus était un homme joyeux. Il a eu de la joie à grandir accompagné de Marie et de Joseph...à admirer les lys des champs...à écouter le chant des oiseaux...à voir ses apôtres tout quitter pour le suivre... à guérir des malades... à remettre sur un chemin de vie la femme adultère, Zachée, la samaritaine et bien d’autres...à réintégrer dans la société ceux qui en étaient exclus, comme les lépreux...il a tressailli de joie en voyant les humbles s’ouvrir à son Message...Il a eu une immense joie à donner « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir »...Il y a là un chemin pour nous.
Un autre secret encore plus profond de sa joie était de se savoir aimé du Père et de toujours vivre en communion avec lui. Il aimait se retirer dans le silence pour l’écouter et lui parler...c’était sa joie ! C’est d’ailleurs un jour où ils le virent prier et sans doute devenu rayonnant que ses apôtres lui demandèrent « apprends-nous à prier »...Nous avons là l’indication, pour nous-mêmes d’un chemin de joie profonde. Dieu est amour et joie !...plus nous devenons sa demeure et familiers de sa rencontre plus il peut mettre en nous sa joie, sa paix...Dieu porte sur nous un regard d’amour et de confiance, il y a de la joie à accueillir longuement, dans le silence, son regard...Nous sommes appelés à vivre des moments de silence pour accueillir longuement le Seigneur et le laisser déposer en nous sa joie, sa paix.
Un autre secret de la joie de Jésus a été d’accomplir la volonté du Père, « ma nourriture est de faire la volonté du Père »...il le dit et il le fait...il nous indique ainsi un autre chemin sûr vers la joie : faire ce que le Seigneur attend de nous en toutes circonstances...être là où il nous attend...vivre en toute situation humaine une réponse à ce qu’il espère de nous...D’ailleurs, après avoir dit « Si vous observez mes commandements vous demeurerez dans mon amour » Jésus ajoute « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie » Je crois que Jésus a aussi connu la joie, même au moment de sa passion. Certes il connaît l’abandon de ses disciples, le reniement de Pierre, un procès truqué, des blessures, la crucifixion...mais il est fidèle à sa mission...Il a dans le cœur un grand amour du Père et un grand amour des hommes....Il prononce trois parole d’or « Père, en tes mains je remets mon esprit » « Père, pardonne-leur » « Tout est accompli »...il meurt dans la souffrance , mais au-delà de la souffrance il a, en même temps, au fond de lui-même la joie d’aimer parfaitement.
St Paul qui vient de nous dire « Soyez toujours dans la joie » a connu une joie semblable à celle de Jésus. Il écrit aux corinthiens « Cinq fois j’ai reçu des juifs les 39 coups de fouet, trois fois j’ai été flagellé, une fois lapidé, trois fois j’ai fait naufrage...voyages épuisants, dangers des brigands, dangers des déserts, dangers des villes...faim et soif...froid et dénuement...sans compter tout le reste...le souci de toutes les églises » (2 Cor 11,24-28) et il confie à son ami Timothée au soir de sa vie « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi : voici qu’est préparée pour moi la couronne de justice, c’est le Seigneur qui me la donnera » (2 Tim 4,7-8)...C’est la joie des martyrs au moment de leur mort. C’est la joie parfaite d’un St François d’Assise qu’il exprime à frère Léon, un proche « Ecoute bien, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces que le Christ accorde à ses amis, il y a celle de se vaincre soi-même et de supporter volontiers, dans la patience et la joie profonde -pour l’amour du Christ- les peines, les injures, les reproches et les coups ».
Nous pouvons demander au Seigneur, les uns pour les autres, cette joie qui vient de se savoir aimé de Lui, d’accomplir sa volonté, de donner de soi pour lui et pour les autres, d’être fidèle à notre vocation et à nos engagements jusqu’au bout, de lui être fidèle même dans les épreuves...là, dans la fidélité, est la joie.
Père Michel Marie.