Aujourd'hui est le premier jour du reste de ma vie.

Homélie du 2e dimanche de l’Avent B 14.

Le premier mot de l’évangile selon St Marc est le même, et ce n’est pas par hasard, que le premier mot de la Bible : commencement... Ainsi Marc nous enseigne qu’avec Jésus, le projet de Dieu franchit une étape majeure, prend même un nouveau départ. Une nouvelle création, pour ainsi dire, commence. Le temps de l’Avent est, chaque année, une invitation à recommencer, à reprendre son élan....Nous sommes toujours tentés de nous arrêter, de dire « assez » ou de nous décourager...mais le Seigneur nous dit « Veille, lève-toi, recommence » Recommencer.

D’abord recommençons à croire en Dieu qui, en Jésus, se fait tout proche, humain, et s’intègre à l’humanité pour la faire avancer. Lorsque nous lisons les évangiles nous voyons constamment Jésus aller vers les hommes les plus fragiles, les plus blessés, pour les chercher, les sauver. Dans cette attention de Jésus il y a tout l’amour de Dieu qui ne supporte pas de voir un seul de ses enfants se perdre. « Il porte chacun sur son cœur » vient de nous dire Isaïe. « Il est patient car il veut que tous aient le temps de se convertir » insiste Pierre.

Recommençons à croire en Jésus qui vient nous chercher et nous sauver...à lui faire confiance, à marcher en sa présence, à le laisser accroître son influence sur nous... car avec Lui commence pour nous et pour l’humanité un merveilleux mouvement d’avancée et de transformation. L’évangéliste Marc vient de nous dire que Jean-Baptiste qui prépare le chemin de Jésus proclamait un Baptême de conversion...Il y a là pour nous un appel à entrer dans la conversion et d’abord à faire œuvre de lucidité...En accueillant certaines expressions d’Isaïe, demandons-nous : quelle montagne de péché devons-nous aplanir ? Quels abîmes d’indifférence ou de mépris ou encore de haine, creusés entre les autres et nous-mêmes, avons-nous à combler ? Quels chemins tortueux d’hypocrisie et de mensonge avons-nous à redresser ? Notre repli sur nous et notre confort nous endorment-ils au point de ne plus voir les blessés de la vie ?

Oui, recommençons à nous convertir. Pas possible d’adhérer à Jésus, vrai visage de Dieu, sans recommencer chaque jour à nous convertir pour faire du neuf dans nos vies. La foi en lui nous appelle constamment à entrer sur un chemin de profondeur, de don, de fidélité. St Pierre vient de nous dire « Voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir »....La vie dans la foi est toujours élan, désir, mise en route, combat, en même temps qu’accueil du Seigneur au cœur de notre faiblesse pour qu’il puisse agir en nous. Certes, la conversion nous coûte, nous fait souffrir, parce qu’elle nous dérange...mais la souffrance liée à la conversion est peu de chose à côté de la joie profonde qu’elle apporte. Jésus nous appelle, individuellement, à la conversion...il appelle aussi son Eglise à la conversion.. La conversion, pour elle, est d’être témoin de sa miséricorde, d’être présente avec amour à tous les hommes... « d’aller aux périphéries » comme dit le pape François...tout en disant fidèlement la Parole du Seigneur.

Il est souvent reproché à l’Eglise de tenir un langage décalé par rapport aux manières de vivre du monde...Cela a toujours été et il ne peut pas en être autrement car elle ne fait que transmettre la Parole de son maitre qui appelle à des manières nouvelles de penser et de vivre...Que serait une Eglise qui se contenterait de bénir toutes les manières de penser et de se comporter de notre temps ? La Parole de Dieu indique toujours un idéal élevé pour que nous vivions en enfants de Dieu et que nous nous accomplissions. La conversion, pour elle, est dans la fidélité à vivre et à transmettre cette Parole. Commencer.

Recommencer à croire et à se convertir. Chaque instant qui arrive est une occasion de commencer, de recommencer, avec la grâce de Dieu bien sûr. Un moine de Timadeuc, en Bretagne, a écrit « Aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie". Une phrase qui fait sursauter. Une phrase qui donne du courage. J’ai encore du temps devant moi. J’ai encore une chance. Je peux commencer, débuter d’une nouvelle façon, autrement qu’avant. Même si j’ai vieilli. Ce qui était hier ne peut être changé. Mais aujourd’hui je peux commencer le reste de ma vie ! Combien de fois encore ? Je ne le sais. Mais aujourd’hui je le peux.

Aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie. Aujourd’hui est comme un jour de naissance. Aujourd’hui j’ai l’espérance, aujourd’hui j’ai devant moi l’avenir . Il ne cesse jamais, mais il commence aujourd’hui » Commencement ! Recommencement !

Père Michel Marie