Homélie du 22e dimanche du Temps ordinaire A 14.

Grande richesse de la Parole de Dieu, comme toujours ! Jérémie, première lecture, intervient 600 ans avant Jésus. Il a été appelé par Dieu à être son prophète, son porte-parole. Il a tenté de résister « Ah, Seigneur, je ne sais pas parler, je ne suis qu’un enfant »...Finalement il a répondu, mais cela lui coûte car il doit proclamer des messages qui ne lui attirent que des ennuis...ainsi il doit dénoncer « la violence et le pillage » et réclamer le respect de l’autre, du pauvre en particulier...il doit réclamer l’honnêteté et la justice...En accomplissant sa mission il attire sur lui la colère...et lui le timide est tenté d’abandonner sa mission.

La violence et le pillage sont de tous les temps et prennent des formes plus ou moins sournoises...il y a mille manières de faire violence, de faire du tort aux autres, de les détruire...par des actes certes, mais aussi par des paroles...et des silences... Le chrétien, comme Jérémie, dit « non » à la violence et au pillage, dans sa propre vie et autour de lui...et cela ne se fait pas sans souffrance...Le respect de l’autre, l’honnêteté, la droiture, la justice, doivent être en nous comme un feu dévorant. Jérémie est tenté de se fermer à l’appel de Dieu mais il ne cède pas à cette tentation...il laisse monter en lui le feu dévorant de Dieu qui l’appelle à transmettre son message ...

Osons toujours nous remettre à l’écoute de Dieu et de ses appels. Dans l’évangile nous retrouvons le même message. ..Alors que Pierre vient de lui dire « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant » Jésus annonce qu’il va souffrir, être mis à mort...Evidemment Jésus ne cherche pas la souffrance, mais il sait que ce qu’il dit et fait provoque l’hostilité à son égard. Il prend quelque liberté à l’égard du Sabbat. Alors que toute activité est interdite ce jour-là, il se permet de secourir quiconque a besoin aide. Il critique ce qui se passe au temple de Jérusalem et conteste donc ses dirigeants, les grands prêtres « Vous faites de la maison de mon Père une maison de trafic ». Il conteste les pharisiens qui privilégient une religion des apparences au lieu de mettre l’accent sur la conversion du cœur. Il fréquente beaucoup les pécheurs notoires et cela lui vaut des reproches. Il appelle à se faire serviteur et remet en cause ceux qui profitent de leur petit pouvoir pour écraser les petits « Il ne doit pas en être ainsi parmi vous. Le plus grand est celui qui se fait serviteur ». Il annonce un Dieu proche qui se fait homme en sa personne à Lui Jésus, ce qui est inadmissible pour ses compatriotes qui le qualifient alors de « blasphémateur ».

Jésus sait qu’il dérange, qu’il bouscule les façons habituelles de penser, de vivre, de croire même, et qu’il risque la mort...Mais ce qui est premier pour Lui est d’être fidèle à sa mission, à la volonté du Père, fût-ce au risque de la mort...Il va mourir d’une mort violente et il va faire de cette mort un acte d’amour « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne »...il donne sa vie par amour, par fidélité...et cet amour vécu jusqu’à la mort va porter du fruit...être source de vie...Il va ressusciter et faire se lever au fil des siècles une foule d’hommes et de femmes pour œuvrer, à sa suite, à l’avènement d’un monde nouveau. Jésus ajoute « Si quelqu’un veut marcher à ma suite qu’il prenne sa croix ».

Le chrétien, comme son maître, ne cherche pas la souffrance...surtout pas...mais comme son maître il a à cœur d’être fidèle à son idéal de vie, même si cette fidélité doit passer par quelques souffrances...La croix se situe là au cœur de la fidélité parfois coûteuse...c’est là qu’elle doit être assumée. St Paul nous dit « Je vous exhorte à offrir à Dieu votre personne et votre vie en sacrifice saint...en reconnaissant qu’elle est la volonté de Dieu »......cette offrande et cet accomplissement de la volonté de Dieu ne se vivent pas sans combat...sans porter la croix. Jésus ajoute encore « Celui qui veut sauver sa vie la perd, mais celui qui perd sa vie à cause de moi la sauvera »...ce qui signifie que celui qui veut préserver sa tranquillité gâche sa vie, tandis que celui qui donne sa vie la sauve, la valorise...la vraie réussite de la vie est dans le don de soi...Le chrétien, comme son maître, fait de sa vie un don pour le service de Dieu et des autres...et cela ne peut pas se vivre sans souffrance...Ste Thérèse de Lisieux a écrit « Il n’est pas possible d’aimer sans souffrir »...sans porter la croix. Mais cette fidélité est source de vie. Par le don que nous faisons de nous-mêmes pour aimer, pour servir, nous portons du fruit pour le monde que nous contribuons à embellir.

Augustin, alors qu’il éprouvait une inquiétude sur sa vie, ouvrit la Bible. Après avoir lu certains passages, il écrivit « Maintenant je savais ce que j’avais à faire. Je devais me lever et m’approcher de Jésus-Christ » ....puissions-nous, nous aussi, nous lever pour suivre Jésus et porter, à sa suite, la croix qui s’impose au cœur de notre vie de disciples.

Père Michel Marie.

Prêt à se lever pour suivre Jésus?
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