Nos maisons sont-elles des maisons où l'on prie?
27 oct. 2015Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord :
‘’ Paix à cette maison’’. » Luc 10,5
La mission d’évangélisation que Jésus avait confiée à ses Apôtres, s’est élargie, déjà en son temps, à d’autres plus nombreux que les Douze. Ainsi en est-t-il des soixante-douze autres qu’il envoya, deux par deux, dans toute ville ou localité où lui-même devait aller. (Lc 10,1) Dans les consignes qu’il leur donna alors, figure celle-ci, à résonance topologique : « Dans toute maison… »
Quelles que soient les nombreuses facettes architecturales et les multiples déclinaisons synonymiques par lesquelles nous pouvons la désigner - demeure, logement, château, appartement, résidence, case, habitation, hôtel privé,- la maison constitue indéniablement une réalité socioanthroplogique, culturelle et spirituelle significative à plusieurs égards. Elle révèle avant tout, l’aspiration de tout homme à avoir un lieu où il soit « chez lui ». Plusieurs épisodes bibliques attestent que Dieu lui-même aime la Maison. Nous pouvons en méditer quelques-uns. Ainsi Abraham, le Père des croyants, avait-il reçu une mystérieuse visite du Seigneur.
C’était à la maison. (Gn18,1) Et c’était là sous sa tente qu’il reçut alors la promesse inouïe d’une descendance en Isaac.
À l’aurore des temps nouveaux, Dieu, après avoir habité au milieu d’Israël dans le Temple, a envoyé son Fils, son Unique dans le monde. Pour ce mystère de l’incarnation, il envoya l’Ange Gabriel à une jeune fille de la Maison de David : Marie (Lc 1,27)
C’était à la maison.
La Sainte Vierge elle-même, après cette prodigieuse Nouvelle, s’était hâtée d’aller rendre visite à sa cousine Élisabeth dont le prénom signifie : maison de Dieu.
La péricope évangélique relate cette rencontre avec ces mots : » Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. » Alors, survint l’heureuse contagion de joie et de jubilation au cœur des deux Mères et des deux Enfants les plus grands qu’entrailles féminines aient jamais portées.
Après sa venue dans le monde, Jésus ne va pas cesser d’appeler et de pérégriner, annonçant à tous, la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu. Qui ne se souvient du grand banquet qu’avait organisé Lévi, le Publicain, Matthieu, pour ses amis, après son appel par Jésus à le suivre ? Pour la Joie de la MISSION, Jésus était chez lui.
C’était à la maison. (Mc 2,15)
Comment oublier la scène pour le moins curieuse de la rencontre de Jésus avec un homme tout aussi curieux au double sens du terme : Zachée. « Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison » s’exclame Jésus. (Lc 19,9) Nous pouvons bien remplacer salut par la conversion et la paix du cœur. La particulière importance accordée à la maison se double d’une suréminente dévotion lorsqu’il s ‘agit du Temple, Haut Lieu de la Présence du Seigneur. D’où la « Sainte Colère » de Jésus, face aux marchands du Temple : La Maison de mon Père, est une Maison de prière, leur dit Jésus. (Mc 11,17)
ET NOUS, NOS MAISONS SONT-ELLES DES MAISONS Où L’ON PRIE ?
Le Christ, en donnant aux soixante-douze envoyés, la consigne de donner la paix aux maisons d’accueil, Il veut signifier, entre autres que Dieu nous rejoint, quand nous lui ouvrons notre maison afin de nous accorder le bien suprême qu’est la paix. Car, comme dit le Sage des Proverbes : « Mieux vaut du pain et la Paix qu’une maison remplie de festin à discordes. » (Pr 17,1)
Nous voyons bien qu’il tient à cœur au Seigneur, lui-même, que chacun puisse vivre dans une maison et que nous puissions devenir des pierres vivantes de la Maison dont le Fondement est le Christ Jésus, pierre angulaire de l’Église, Maison du Dieu Vivant, Communauté de frères, et sœurs, dans la foi, pilier et soutien de la vérité. (1Tm 3,15. - 1Cor 3,9ss)
La maison, c’est le Lieu de notre familiarité.
Dieu nous y propose sa Bonne Nouvelle d’amitié. (Jn 15,15)
La Maison, c’est le témoin de notre Intimité.
En y demeurant, Dieu nous garantit sa Fidélité.
La Maison c’est le creuset de notre Intériorité.
En nous rejoignant, Jésus nous apporte sa Clarté et sa Charité.
La Maison c’est le théâtre de nos tiraillements et de nos divisons.
S’il y vient, c’est pour que son Évangile soit chemin de Conversion.
La Maison n’est-ce pas le sommet des Unions ?
Dieu UN et Trine n’est-Il pas Dieu de la Communion ?
La Maison c’est le milieu de notre Naissance et Enfance.
En y apportant la Bonne Nouvelle, Nous frayons la Voie de la Nouvelle Naissance et Connaissance : CHRIST.
La maison c’est parfois le terrain de nos habitudes et platitudes.
En y venant, l’Évangile y apporte le déclic qui fait prendre la bonne attitude et altitude pour vivre les Béatitudes.
La Maison, c’est le magasin de nos richesses et le sous-sol de notre pauvreté.
S’il y vient, l’Évangile sauve et sauvegarde contre les mites, nos vraies richesses, celles du cœur, celles de l’amour.
La Maison c’est le signe de notre limite, de notre finitude dans l’espace.
En y entrant, Jésus nous fait franchir les limites pour découvrir l’autre maison sans finitude : Le Royaume. (Jn 14,2)
Mais, dans le temps que court notre pèlerinage terrestre, n’oublions jamais de prendre soin de « NOTRE MAISON COMMUNE » : LA TERRE, la Création tout entière.
Père Jean-Parfait CAKPO