Edito de Février.
19 févr. 2018« SEIGNEUR, QU’EST-CE QUE L’HOMME,
POUR QUE TU LE CONNAISSES ? » Ps143, 3
Deux grands anniversaires d’événements majeurs de notre Histoire seront fêtés en cette nouvelle année 2018. D’une part, le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, et d’autre part, les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le premier nous rappelle, la nécessaire conversion des consciences et la recherche inlassable d’une convergence des efforts pour la Paix. Le deuxième, quant à lui, nous donnera l’occasion de célébrer le socle inamissible de la société : la dignité inviolable de l’Homme. Aussi le Pape François, a-t- il rappelé, à l’ensemble des 185 ambassadeurs du corps diplomatique au Vatican, l’urgente importance d’une véritable politique de protection et de respect de l’inviolabilité des droits humains les plus fondamentaux.
« Parler des droits humains signifie avant tout proposer de nouveau la centralité de la dignité de la personne humaine, en tant qu’elle est voulue et crée par Dieu à son image et à sa ressemblance,» affirmait alors le Saint Père. Il est évident que l’accueil d’une telle proposition exige avant tout une profonde réflexion pour une meilleure compréhension du premier concerné : la personne humaine. C’est bien ce que nous dit la Bible en ces mots tirés du Psautier : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu le connaisses, SEIGNEUR ? »(143,3)Cette préoccupation est récurrente dans toute la Bible.(Si18,17/Job7,17/He2,6/Ps8.) Nous avons choisi de méditer cette question sous la plume du psalmiste. Car les psaumes illustrent admirablement la richesse inépuisable des dimensions de la personne humaine. C’est du reste ce que nous révèle l’un des plus célèbres traducteurs des trois grands Livres du monothéisme : André CHOURAQUI dans les métaphores choisies à propos des psaumes et de l’homme. « Nous naissons avec ce petit livre aux entrailles. Un petit livre : cent cinquante poèmes, cent cinquante marches érigées entre la mort et la vie ; cent cinquante miroirs de nos révoltes et de nos fidélités, de nos agonies et de nos résurrections. Davantage qu’un livre, un être vivant- qui vous parle- qui souffre, qui gémit et qui meurt, qui ressuscite et chante au seuil de l’éternité et vous emporte, vous et les siècles des siècles, du commencement à la fin.» (Psautier : « Liminaire » DDB.1990)
Il n’est certainement pas superflu de préciser que nous parlons ici de l’Homme, en tant qu’entité corporative signifiant les hommes et femmes de toutes nations, langues peuples et cultures traditions et civilisations. Ajoutons que, la question qui fait l’objet de notre méditation, peut englober une pluralité d’approches discursives et épistémologiques. L’ontologie, la Socio anthropologie, la Psychologie, la Théologie, la Philosophie, l’Histoire, l’Éthique, le Droit, la Christologie, l’Ecclésiologie…
Cela révèle, entre autres, que Dieu les a ainsi dotés de sagesse, revêtus de splendeur, couronnés d’intelligence, de liberté, de créativité, d’un esprit à la fois « unique et multiple subtil et mobile. » (Sg7, 22) À la question « qu’est-ce que l’homme ? » la Bible répond qu’il est issu de la terre glaise, par Adam. Il est donc une créature d’ici. Il dépend pour son avenir de son environnement de terrien. Mais la Bible nous enseigne également qu’à l’orée des temps nouveaux, Dieu lui-même a pris chair de notre chair. (Jn1, 14-16) Il a envoyé son Fils, son Unique en Jésus pour accomplir l’œuvre de son amour : sauver l’Homme, tous les hommes et femmes, tout l’homme, car il est le Fils de l’Homme et le Fils de Dieu et Dieu lui-même. (He1, 1-13/Ph2, 1-7)
En devenant homme, Jésus a élevé au-dessus des anges et des puissances célestes la dignité unique et la destinée universelle de toute personne humaine. La question serait alors : « qu’est-ce donc la personne humaine pour que Dieu lui-même devienne l’un de nous ? » L’Homme est à la fois âme et cœur et chair et corps et esprit. Il est l’expression d’une complexité vivante, la synthèse d’une ambivalence mystérieuse, le condensé d’une énigme existentielle. En tant que chair, l’homme est créature périssable et mortelle. En tant que corps, capacité d’engagement dans le monde. En tant qu’esprit, il est ouverture à l’ineffable, à l’Infini, à la spiritualité, au sacré et à Dieu. En tant que cœur, il est source de pensées intellectuelles et de conscience morale et de vie affective. En tant que dotée d’une âme, donc du souffle qui est don de Dieu, (Sg 2, 23 ;2 M7,9-14/ Sg16,14) la personne humaine est un réceptacle du principe de vie immortelle ayant sa source en Dieu. Elle est en tant que telle, élan de désirs, subjectivité créatrice, tension et quête d’idéal.
En somme, la suréminente et inviolable dignité de l’être humain réside dans une assomption de toutes ses dimensions qui, loin de s’opposer, s’imbriquent de manière infrangible, indissociable.
Toute la nuit, il a dû livrer bataille
Sur le sommet de la question qui l’assaille
Était-ce un Ange ou était-ce une illusion ?
Peut-être que les deux avaient fait collusion.
Toute la matinée, elle a dû mener bataille
Sur le seuil de l’aurore, elle a vu la faille
Était-ce bien Lui ? Était-ce le jardinier ?
Sûrement que l’un d’eux était son familier.
Toute la vie elle a dû mener bataille
Sur le désir trompé de ses épousailles.
Était-ce un provocateur ou un voyageur ?
Peut-être qu’à l’un des deux s’ouvrira son cœur.
Tous les jours il a dû livrer sa bataille
Sur le pont du désespoir vaille que vaille
Était-ce son fils ? Ou était-ce un ouvrier ?
Sûrement que tous les deux il faut rassasier.
Toute la vie est rencontres et retrouvailles
Passages et passerelles par-delà murailles
Était-ce leur rêve accroché à une échelle ?
De la Terre au Ciel, quelle Bonne Nouvelle !
Père Jean-Parfait CAKPO