"Je crois en la communion des Saints".
31 oct. 2016« Je crois en la communion des saints.»
(Symbole des Apôtres. Art. IX.§.5.)
L’année jubilaire -2015-2016- proposée par le Pape François et consacrée à la Divine Miséricorde tire vers sa fin. Elle aura été une opportunité théologique et pastorale, ecclésiale et spirituelle portée par des initiatives en faveur des pauvres, des enseignements ou des réflexions nourries sur la joie du pardon, le bonheur de la réconciliation. Du reste, selon une tradition très ancienne, il y a 14 œuvres de miséricorde : 7 œuvres corporelles et 7 œuvres spirituelles. Ce sont, avant tout, des actions concrètes qui rappellent que la «Divine Miséricorde » n’est nullement une esthétique de l’esprit sans ancrage dans la réalité. Elle rappelle plutôt ce que proclamaient, vigoureusement, Saint Jean et Saint Jacques qui, à propos de la Foi et qui, à propos de l’amour. Le premier disait : « Mes petits-enfants, n’aimons pas en paroles et de langue, mais en actes et en vérité. (1Jn 3,18) Le deuxième interroge : « À quoi bon, mes frères, dire qu’on a de la Foi, si l’on n’a pas d’œuvres ? » (Jc 2,14) Et justement, les 7 œuvres corporelles de miséricorde s’articulent comme suit : Donner à manger à ceux qui ont faim. Donner à boire à ceux qui ont soif. Vêtir ceux qui sont nus. Loger les pèlerins. Visiter les malades. Visiter les prisonniers. Ensevelir les morts. »
Quant aux 7 actions spirituelles, elles consistent à : « Conseiller ceux qui doutent. Enseigner ceux qui sont ignorants. Reprendre les pécheurs. Consoler ceux qui pleurent. Pardonner les offenses. Supporter patiemment les autres. Prier pour les vivants et pour les morts.».
Nous voyons manifestement que l’Acte de Miséricorde tend à englober à la fois, la misère matérielle (pauvretés) ; la misère psychologique (solitudes) ; la misère spirituelle. (péchés). Aussi est-il cohérent d’affirmer que c’est la personne humaine dans sa totalité vivante qui se trouve concernée. Mais toutes ces œuvres précitées constituent également des œuvres de sanctification. Dans cette trajectoire, il est logique que cette année jubilaire ait été également marquée par la canonisation de Mère Térésa, la Madre de Calcutta, le 4 septembre 2016. Il n’est point superflu pour nous de rappeler qu’Agnès Gonxha, de son nom de baptême, avait alors reçu le nom de Sœur Mary Teresa, en référence à Sainte Thérèse de Lisieux pour qui, elle avait une grande dévotion. Depuis le mois dernier, elle a officiellement rejoint l’immense cohorte, des Saints et Saintes de Dieu : « Je crois en la communion des Saints. ». Cette affirmation est au cœur de la proclamation de Foi de la Sainte Église catholique. Qu’est-ce que l’Église sinon : « la communion des saints ? ».
Cette désignation rappelle d’abord la Communauté qui est le lieu et le lien par excellence de la communion. Mais la communion, c’est une résultante de la véritable unité. Or l’unité n’est rien d’autre que l’assomption de la diversité qui, elle-même, assure la liberté. Voilà pourquoi dans la communion des saints, aucune sainte, aucun saint n’est le « copier coller » d’aucun autre. Leur trajectoire propre, leur histoire unique, leur destinée singulière leur assurent, pourtant, une communauté dans la communion éternelle de la même foi autour de Jésus, le Christ, le Fils du Dieu trois fois saint. (Is6,3).
Le terme : « communion des saints » est une expression qui a deux significations intimement liées. Elle désigne d’abord la communion aux choses saintes (sancta), ensuite et enfin la communion entre les personnes saintes. (sancti).
La communion aux choses saintes (sancta) concerne les sacrements en général et surtout le Très Saint Sacrement de l’Autel, la Sainte Eucharistie, appelée à juste titre, la Communion. Elle réalise l’unité de la communauté des fidèles qui célèbrent et glorifient la Tête du Corps dont ils sont les membres, en Église, le Christ Jésus. (Col 1,18).
Quant à la communion entre les personnes saintes, (sancti) elle représente la communion de tous les fidèles du Christ. Est-il nécessaire de rappeler que la Bible applique le qualificatif de « saint » à des hommes et femmes qui ont été choisis et mis à part pour servir Dieu ? Ainsi de Moïse (Ex 19,6) Des fils d’Israël (Lv 19,2) ; des Adorateurs et mystiques. (Ep 1,4).
Plus tard Saint Paul, Lui, appelle les croyants, les Chrétiens, les Saints dans 1Co1, 2 ; 6,1-2 parce qu’ils ont reçu l’Esprit Saint qui sanctifie toutes choses. Nous sommes inscrits dans cette communion des saints.
Par ailleurs, la communion des Saints nous fait penser inévitablement à la vénération des saints et saintes dont la place est très importante dans les liturgies actuelles. Leur culte s’est surtout développé dans tous les rites à partir de la fin du IV° siècle et du début du V°. Mais il faut attendre le pontificat de Grégoire IV (827-844) pour que, l’empereur d’Occident, Louis le Pieux (814-840) par un décret, fixe définitivement la fête de tous les Saints à la date du 1er Novembre. Il est inexorable de préciser que : « Le Christ, nous L’adorons, parce qu’Il est le Fils de Dieu ; quant aux martyrs, nous les aimons comme disciples et imitateurs du Seigneur, et c’est juste, à cause de leur dévotion incomparable envers leur roi et maître ; puissions-nous, nous aussi être leurs compagnons et leurs condisciples. ».
Telle était la prière de Saint Polycarpe. Elle confirme, entre autres, que la communion des saints est une manière de célébrer entre EUX et NOUS TOUS, une solidarité mystique, une compassion éternelle, une présence réelle, une sollicitude fraternelle, un appui constant et une continuelle intercession céleste dans l’amour miséricordieux de Dieu. Grâce à cette communion, des passerelles infrangibles sont établies entre ceux qui sont encore pèlerins sur la terre et ceux qui se sont endormis dans la mort. Les vivants et les morts sont assumés dans cette communion au Christ, Jésus, le premier-né d’entre les morts.
Bien souvent Vie et Mort
Ont un jardin mitoyen.
En bordure de toute vie
Laboure la mort.
À la lisière de toute mort
Jardine la vie.
La Vie se joue de la Mort
Et la Mort déjoue la Vie.
La Mort défie la Vie
Et la Vie jaillit de la Mort.
Ô mystère des décès
Ô Ciel d’accès !
Méandres et béances
Arrachement.
La Vie est semée de morts
Et la Mort est parsemée de vies
Vie par-delà la Mort
Et Mort par dessus la Vie.
Vie près de la mort
Vie après la mort.
Leçons de la nature
Éternelle aventure.
Ô mystère des décès
Ô Ciel d’accès !
Voyages et pèlerinages
Cheminement.
Comme jours et nuits
Comme heurs et malheurs
Ombres et lumières
Désolation et consolation
Peines et joies
Sublime et ridicule
Liberté et asservissement
Être et Non-Être.
Bien souvent Vie et Mort
Ont un long jardin mitoyen.
Ô mystère des décès
Ô Ciel d’accès.
Force et paradoxes
Engendrement
Et pourtant…
Sur la mort laborieuse
La Vie est victorieuse
Sa joie est lumineuse
Sa Voie est glorieuse.
D’espérance triomphante
Dans l’amour, elle enfante
Des vies et se réinvente
Par-delà toutes limites
Par de belles moissons.
Par des fruits de saison
Toujours et Encore…
Ô mystère des accès
Ô Ciel d’excès
Renaissances et confiance
Rayonnement.
Jean-Parfait CAKPO