« MOI, JE SUIS VENU POUR QU’ON AIT LA VIE ET QU’ON L’AIT SURABONDANTE. »
10 mars 2016« MOI, JE SUIS VENU POUR QU’ON AIT LA VIE ET QU’ON L’AIT SURABONDANTE. » Jean 10,10.
Une heureuse exhortation qui se mue en supplication récurrente, résonne et traverse Les Saintes Écritures d’un bout à l’autre. Sous forme de proposition offerte à la liberté de son peuple, Dieu ne cesse d’appeler à la vie. Il est le Vivant par excellence, la source d’eau vive (Jr 2,13) qui se communique à l’ensemble de la création. (Gn 1,21-24).
Puisque la vie est chose fragile et précieuse à la fois, le Seigneur déclare : « Voici, je mets devant toi aujourd’hui la vie et le bonheur, la mort et le malheur : je t’en supplie choisis la vie. » (Dt 30,15.16 19,20) Sur « la terre des vivants » pour reprendre l’expression du psalmiste (Ps 27,13), Dieu est toujours prêt à répandre ses bénédictions dans le but d’assurer naissance, croissance, continuité et vitalité à ses créatures. Son objectif primordial étant de rassasier de longs jours ses serviteurs et de se révéler à tous comme le Dieu Vivant. (Jg 8,19/1 S 19,6ss).
Cette dernière désignation signifie certes que Dieu est agissant et puissant mais plus encore, elle proclame l’un des attributs auxquels Il tient le plus pour exprimer sa vitalité débordante. (Nb 14,21/Jr 22,24.) En outre, c’est par son inlassable miséricorde que Dieu manifeste à l’humanité son attachement inamissible à la vie ; puisqu’Il persiste à pardonner aux pécheurs, (Lc 15,11-32/Os 6,4-6). Il tire de l’abîme celui qui tombe dans les ravins de la mort. (Ps 22,4).
Par ailleurs, lorsque les prophètes et les prêtres, les guides spirituels de son peuple Israël insistent sur les dispositions de la Loi, rappellent les commandements de Dieu, sans oublier ses décrets et ses préceptes, (Dt 6,1-10) , c’est toujours dans le but de proclamer cette conviction : « les chemins du Seigneur sont ceux de la justice et la justice conduit à la vie. » (Pr 11,19) Cette célébration de la vie implique pour le peuple du Seigneur de se détourner des œuvres de mort que sont l’injustice, l’impiété (Ps 1,1 ss) ; l’idolâtrie (Ps 113B,8),bref le péché.
Mais la vie de l’homme sur terre qui est le bien, le trésor par excellence est pourtant courte (Ps 90,10/Jb 14,1), fugace et éphémère, (Sg2,2 : Ps 114,4) quand elle s’enferme seulement dans ce monde qui passe. Aussi les prophètes vont-ils sans cesse alerter la conscience des hommes et femmes pour qu’ils sachent que la vie « c’est de chercher YHWH. » (Am 5,4s/ Os 6,15).
À l’aube des temps nouveaux, Jésus portera à son optimum de réalisation et à son maximum de mission, cet amour de la vie : Il est le Verbe de vie (1Jn1,1). Il se révèle comme le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14,6) . Il est le pain de vie (Jn 6,35) car Il donne à celui qui mange son corps de vivre par lui, comme lui-même vit par le Père. C’est Lui le Prince de la Vie (Ac 3,15) Par le don qu’il fait totalement et librement de sa vie, Jésus devient source de vie éternelle pour quiconque croit en Lui. (Jn 11, 25-27).
Ainsi toute notre démarche spirituelle et ecclésiale durant ce temps de carême, temps de miséricorde, de prière, de partage, de conversion, toute notre démarche disions-nous, est une tension féconde qui atteindra son acmé dans la proclamation pascale de foi jubilatoire : « CHRIST EST RESCUSSITÉ ! IL EST VIVANT ! » Il a vaincu la mort. Du reste qu’est-ce qui meurt quand meurt un homme ? Ce n’est pas la Vie.
La Vie continue car ne peut mourir que ce qui est mortel. Par sa résurrection, le Messie de Dieu ouvre à tous, les portes de la vie. (1 Th 13,18).
Mais qu’est-ce que vivre ?
VIVRE c’est choisir pour s’engager,
Choisir c’est aimer pour se donner,
Aimer c’est connaître pour s’offrir,
Connaître c’est habiter pour comprendre,
Habiter c’est comprendre pour s’associer,
Comprendre c’est écouter pour avancer,
Écouter c’est s’ouvrir pour recueillir,
S’ouvrir c’est se risquer pour découvrir,
Se risquer c’est se renoncer pour servir,
Se renoncer c’est assumer pour se dépasser,
Assumer c’est authentifier pour dévoiler,
Authentifier c’est distinguer pour unir,
Distinguer c’est reconnaître pour témoigner,
Reconnaître c’est élire pour advenir,
Élire c’est accorder pour se fier,
Accorder c’est offrir pour permettre,
Offrir c’est se détacher pour témoigner,
Témoigner c’est révéler pour éclairer,
Révéler c’est agir pour instruire,
Agir c’est s’engager pour accomplir,
S’engager c’est répondre pour se réaliser,
Répondre c’est savoir pour porter,
Savoir c’est s’émerveiller pour rechercher,
S’émerveiller c’est contempler pour adorer,
Contempler c’est se mobiliser pour s’élever,
Se mobiliser c’est espérer pour s’affranchir,
Espérer c’est désirer pour croire,
Désirer c’est manquer pour rechercher,
Manquer c’est chercher pour créer,
Chercher c’est croire pour approfondir,
Croire c’est cheminer pour annoncer,
Cheminer c’est s’ajuster pour façonner,
S’ajuster c’est rejoindre pour célébrer,
Rejoindre c’est partir pour accomplir,
Partir, c’est s’ouvrir pour advenir,
S’ouvrir c’est vivre pour aimer.
Père Jean-Parfait CAKPO