Homélie du 7e dimanche de Pâques B 15.

C’est une évidence : Jésus aimait prier. Au fil de la lecture de l’Evangile nous le voyons souvent se retirer dans le silence...La rencontre du Père constitue le centre de sa vie...Ignorer ce lien priant avec le Père serait n’avoir de lui qu’une connaissance superficielle...Mais quel était le contenu de sa prière ? L’évangile de ce jour nous renseigne en partie...quand il prie, Jésus parle nous à son Père. Pour Lui, le fils éternel de Dieu, qui s’est fait notre frère, nous sommes importants...nous sommes l’objet de son tourment...et il parle de nous au Père. Pour la plupart de nos contemporains l’Ascension que nous venons de fêter est avant tout un pont ! Mais précisément...cette expression peut être providentiellement juste : l’Ascension est un grand pont entre le monde de Dieu et notre monde.

Jésus, entré dans la gloire du Père tout en demeurant parmi nous... vit désormais à la fois près du Père et près de nous. Il est le lien, le pont entre notre monde et le monde de Dieu. Il a prié pour nous. Il prie toujours pour nous. Il demeure notre intercesseur auprès du Père. Que demande-t-il pour nous ?...de nous garder dans la fidélité. « Père, garde mes disciples unis dans ton Nom » c’est-à-dire « Garde-les unis fidèlement à toi »...l’ancienne traduction disait « Garde-les dans la fidélité à Toi » c’est-à-dire...qu’ils soient toujours tournés vers Toi et disponibles pour accomplir ta volonté, car là est leur véritable bonheur »...

Il ne suffit pas d’avoir des moments d’enthousiasme passager mais il faut durer dans la fidélité au Père et dans l’accomplissement de sa volonté. Le livre des actes des apôtres souligne un aspect essentiel de cette fidélité. Il rapporte en effet qu’après l’Ascension du Seigneur les disciples se rassemblent dans la prière et l’attente de l’Esprit-Saint. Il est écrit précisément « Tous, unanimes, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes dont Marie, Mère de Jésus » (Ac 1,4)...Les attitudes de l’Eglise naissante entre Ascension et Pentecôte ne peuvent être oubliées. Elles sont constamment à retrouver et à vivre.

L’Eglise n’est jamais autant elle-même que lorsqu’elle se rassemble, fidèlement, dans ses familles, ses paroisses, ses monastères, ses groupes divers pour prier comme les apôtres et Marie, en s’ouvrant à l’Esprit-Saint qui oriente toujours vers Jésus et le Père... Nous sommes vraiment l’Eglise du Seigneur si nous persistons à prier seuls et en communauté...en particulier à prier l’Esprit-Saint de nous embraser et d’embraser le monde de son amour...Depuis la Pentecôte, génération après génération, les communautés chrétiennes, sous toutes leurs formes, ont à se réunir assidument dans la prière...Le temps de la prière avec Marie, pour accueillir l’Esprit-Saint, durera aussi longtemps que durera l’Eglise. « Père, garde-les dans la fidélité à ton nom » Que demande encore Jésus pour nous ? L’unité. « Père Saint, qu’ils soient un comme nous sommes un ». En Dieu, trois personnes qui s’aiment tellement qu’elles ne font qu’un. En Dieu, un éternel mouvement de don, d’accueil, de partage, source d’une unité parfaite dans le respect du caractère unique de chacune des personne. L’Eglise qui a sa source en Dieu doit refléter sa vie, son unité.

Le livre des actes des apôtres nous indique que les disciples, entre Ascension et Pentecôte étaient réunis fraternellement. Ils avaient conscience de constituer un groupe, le début d’un peuple nouveau. C’est à la même conscience de devoir constituer avec nos frères et sœurs chrétiens un peuple fraternel où chacun est reconnu, respecté, aimé, que nous sommes conviés...L’Eglise n’est jamais autant elle-même que lorsque chacun de ses membres laisse retentir en lui l’appel pressant à l’accueil, à la rencontre, au service, à l’accompagnement de ses frères et sœurs à l’intérieur de la communauté. L’Eglise n’est jamais autant elle-même que lorsque chacun de ses membres peut compter sur ses frères. « Père, garde-les dans l’unité » Que demande encore Jésus au Père pour nous ? ...Que nous soyons présents au monde sans nous laisser guider par l’esprit du monde. Il dit précisément « Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du mauvais ».

Jésus nous demande d’être bien présents à notre monde sans en adopter tous les modes de vie. Il nous appelle à être présents au monde tout en vivant autrement, guidés par sa Parole. Le concile Vatican II enseigne « Le propre de l’état des laïcs chrétiens est de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes. Ils sont appelés par Dieu à exercer leur apostolat dans le monde à la manière d’un « ferment », grâce à la vigueur de leur esprit chrétien »....L’Eglise n’est jamais autant elle-même que lorsque, par l’intermédiaire de ses membres, elle est présente au monde pour le transformer. « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde ».

Que demande encore Jésus pour nous ? « Sanctifie-les dans la vérité : ta Parole est vérité » c’est-à-dire « fais-les devenir à ton image par l’accueil de ta Parole. Jésus demande enfin pour nous la joie « Je parle ainsi pour qu’ils aient en eux ma joie » la joie qui vient d’être fidèle...de prier...de construire l’unité...de vivre dans le monde selon la Parole de Dieu...de laisser le Seigneur sculpter en nous son image.

En ce temps entre Ascension et Pentecôte, avec Jésus prions le Père, de nous donner l’ Esprit-Saint, de sorte que nous soyons fidèles, serviteurs de l’unité et bien intégrés à notre monde tout en gardant le regard fixé sur lui...pour être sanctifiés par sa présence.

Père Michel Marie.

Jésus pont entre notre monde et le monde de Dieu.
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