Homélie du 30ème dimanche du temps ordinaire A 14.

Pour bien recevoir l'évangile de ce dimanche, il est bon d'avoir bien présente à l'esprit une parole de St Jean résumant l'enseignement de Jésus son maître: "Dieu est amour." (1 Jn 4/8). Dieu n'est qu'amour. Il est amour à l'intérieur de lui-même, une communauté de trois personnes qui s'aiment de toute éternité. Il est amour en direction du monde, en direction de chaque personne humaine. Il aime chacun d'un amour unique. Nous nous accomplissons en accueillant Dieu qui est toujours en train de nous aimer et en lui répondant par notre propre amour. Nous nous accomplissons en aimant Dieu en réponse à son amour premier.

En Israël, au temps de Jésus, la référence était la Torah, les cinq premiers livres de la Bible, en particulier les dix commandements auxquels s'étaient ajoutés 613 préceptes dont 365 interdits...Un jour, un scribe demande donc à Jésus "Quel est le grand commandement ?" Il répond en citant une prière que juif pieux récitait deux fois par jour "Ecoute Israël, le seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur , de toute ton âme, de tout ton esprit". Chaque personne humaine a des réactions spontanées qui disent le fond de son être: Dieu premier aimé. Dieu premier servi. Il nous appelle à enraciner cette réaction en nous: Dieu premier aimé...Ce n'est pas réservé aux moines, aux moniales, aux prêtres et aux religieuses. C'est le fond de la vocation humaine.

L'amour pour Dieu s'exprime d'abord en prenant le temps de la rencontre quotidienne avec lui et de la prière communautaire le Dimanche. Un chrétien qui "oublie" de prier, ressemble à quelqu'un qui oublierait de penser à une personne importante dans sa vie...

Là, dans la prière nous prenons conscience de notre identité d'enfants de Dieu, nous accueillons l'amour de Dieu et nous nous laissons façonner par cet amour.

Le seigneur qui a un amour unique pour chacun, a aussi un appel pour chacun, à tout moment de sa vie...Chaque instant qui arrive est porteur de la présence et d'un appel du Seigneur. Alors, dans la prière nous entrons dans l'attitude du jeune Samuel qui disait: "Parle, Seigneur, ton silence écoute". Le Seigneur nous parle par les Ecritures, par l'Evangile en particulier, par notre conscience, par ce que nous vivons, par le dialogue avec les autres...Nous avons constamment à faire se rencontrer notre vie telle qu'elle est et le Seigneur...et là dans la complexité des situations que nous vivons, discerner ce que le Seigneur espère de nous.

La prière est vitale mais elle ne suffit pas. Il nous faut mettre en pratique l'appel que le Seigneur nous fait découvrir. Nous ne pouvons pas ne pas remarquer la force de la parole que Jésus reprend à son compte "Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force"...ce qui veut dire que nous devons aimer Dieu de tout notre être, avec toute notre existence, avec nos ressources humaines et spirituelles...que nous devons faire de toute notre vie, personnelle, familiale, professionnelle, un accomplissement de ce que le Seigneur attend de nous. Notre quotidien est le lieu où nous manifestons au Seigneur notre amour.

En répondant "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu", Jésus ajoute tout aussi spontanément: "Tu aimeras ton prochain". Dieu aime chacun de ses enfants. Il n'est pas possible d'aimer Dieu sans aimer ceux qu'il aime...Tout commence par une conviction: nous sommes tous enfants d'un même Père qui aime chacun de ses enfants...et cette conviction de base engendre des comportements fraternels: considérer les autres avec un infini respect...écouter avec attention...se faire proche de ceux qui attendent une aide...avoir la délicatesse d'éviter ce qui peut blesser et d'accomplir ce qui peut apporter de la joie...servir...encourager...faire découvrir aux autres les avancées qu'ils pourraient accomplir...respecter la réputation des autres...être attentif à toute forme de pauvreté matérielle, relationnelle, spirituelle et essayer d'y répondre par le partage du temps, de l'amitié, de l'avoir, du savoir, de la foi, œuvrer à rendre plus vivante, plus accueillante, la famille, la communauté humaine et la paroisse dont nous sommes membres...s'ouvrir aux grandes préoccupations du monde: l'écologie, le développement des pays pauvres.

Evidemment l'Eglise est appelée de façon pressante à aimer. Elle doit se préoccuper d'annoncer la Parole, de conduire aux Sacrements...et aussi de servir les hommes. Pour servir, elle a des bras que sont certaines associations, comme Saint Vincent de Paul. Chez nous, cette association a besoin de bénévole pour accomplir sa mission de service.

Pour Jésus il y a deux commandements indissociables...c'est la pratique de l'un et de l'autre qui fait l'équilibre d'une vie...nous pouvons même dire qu'il n'y a qu'un seul commandement partant dans deux directions qui sont parallèles et même se chevauchent. St Vincent de Paul disait à ceux qui travaillaient avec lui: "Quitter Dieu après la prière pour aller vers les pauvres, c'est quitter Dieu pour Dieu".

Jésus, après avoir dit "Tu aimeras ton prochain" ajoute "comme toi-même". Il y a là comme un troisième commandement: s'aimer soi-même, c'est-à-dire avoir du respect pour soi, être exigent envers soi-même, vouloir réaliser sa vocation d'enfant de Dieu, prendre conscience de ses dons, les cultiver et les mettre au service des autres, aller jusqu'au bout de ce que l'on est capable de vivre.

"Tu aimeras"...ce commandement s'adresse moins à notre sensibilité qu'à notre liberté et à notre volonté.. il faut vouloir aimer...c'est notre vocation...la vocation de toute personne...c'est notre vocation à vivre avec persévérance en nous ouvrant à l'Esprit-Saint, l'Esprit d'amour...

Père Michel Marie

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