Homélie du 25e dimanche A 14.

Une lecture sociale ou économique de cette parabole serait évidemment une impasse...un chef d’entreprise pense spontanément qu’imiter ce maître mènerait son établissement à la faillite...et un employé qu’il est injuste de ne pas respecter une juste échelle des salaires selon le temps de travail accompli...cette page d’évangile n’est pas une leçon de morale sociale...et encore moins d’économie.

Il y a une autre lecture de cette parabole...une lecture qui est bonne nouvelle ! Une chose saute aux yeux : le nombre de fois que le maître de la vigne sort pour aller à la rencontre d’hommes pour leur offrir un travail....Il sort au petit matin...puis à 9 h...à midi...enfin à 17 h...soit très peu de temps avant la fin de la journée...C’est par pûre bonté qu’il embauche ces derniers...Chaque fois, quelle que soit l’heure, il dit « Allez à ma vigne »...il y a dans cette attitude et dans cette parole une grande attitude de confiance, d’attention, de bonté.

Le maître de la vigne qui va à la rencontre d’hommes pour les embaucher est une merveilleuse image de Dieu qui vient sans cesse à notre rencontre, à tout âge de la vie, et nous adresse à tout moment une parole de confiance. Pour Dieu, tout homme est « quelqu’un », digne d’intérêt, de confiance...Chacun de nous peut se dire en toute vérité « Parmi les milliards d’hommes qui ont existé, qui existent et qui existeront, je suis unique pour Dieu et il m’adresse une parole de confiance ».

Cette conviction nous appelle à une première attitude : nous ouvrir à Dieu...nous faire chercheurs de Dieu...comme Isaïe vient de nous le dire « Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu’il est proche »...Grandir dans la proximité de Dieu est inscrit dans notre être...nous sommes vraiment nous-mêmes lorsque nous vivons avec Lui...puissions-nous, chaque jour, chaque dimanche prendre le temps de le chercher, de l’accueillir lui qui vient toujours vers nous. Cette conviction que Dieu porte sur nous un regard de respect et d’attention nous appelle à l’imiter...Comme lui portons un regard de respect sur ceux qui nous entourent...Il serait merveilleux que les personnes que nous rencontrons puissent avoir le sentiment d’être « quelqu’un pour nous ».

Dieu vient à notre rencontre...et adresse à chacun une parole de confiance « Va à ma vigne »...il nous faut là aussi être les imitateurs de Dieu et avoir envers les autres des paroles d’encouragement...Avant de parler il faudrait se demander : les paroles que je vais dire vont-elles décourager ou encourager...détruire ou faire vivre ? Nous le savons il y a des paroles assassines et des paroles vivifiantes... Le maître de la vigne sort pour embaucher à sa vigne...La vigne, dans la Bible, est le symbole du peuple de Dieu, du Royaume de Dieu...Dieu nous appelle à bâtir son Peuple...à bâtir une humanité unie qui se tourne vers Lui...Nous pouvons y contribuer en imitant le Seigneur...Il vient à notre rencontre...allons nous-mêmes à la rencontre les uns des autres...Dieu rêve de voir ses enfants aller à la rencontre les uns des autres pour tisser entre eux des liens fraternels...à l’intérieur de notre communauté paroissiale allons à la rencontre les uns des autres...Ne repartons jamais de la Messe sans être allés à la rencontre de quelqu’un...de préférence de quelqu’un que nous ne connaissons pas...nous avons à être une Eglise qui se fait rencontre. Bâtir le peuple de Dieu, nous le pouvons en accomplissant, chacun, notre tâche...en mettant nos dons au service des autres...en prenant notre part de responsabilité dans le monde et dans l’Eglise.

Revenons à notre parabole : sa finale nous heurte...ceux qui ont commencé le travail tard reçoivent autant que les premiers...ceci veut dire que l’amour de Dieu pour nous n’est pas conditionné à nos mérites...il est gratuit...l’amour de Dieu ne se mérite pas il se reçoit...le chrétien n’est pas d’abord quelqu’un qui fait des choses pour Dieu afin de mériter son amour...mais quelqu’un qui croit que Dieu l’aime le premier et sans mérite de sa part. Alors en écoutant cette parabole, qui est Bonne Nouvelle, au lieu de nous bloquer sur une apparente injustice, nous voilà invités à nous réjouir de la merveilleuse bonté de Dieu....nous voilà invités à accueillir son amour et à lui répondre par notre propre amour. L’Evangile est une Parole vivante...Le Seigneur passe parmi nous pour nous dire une parole de confiance...nous embaucher pour bâtir son peuple, son Royaume...écoutons-le...aimons-le.

Michel Marie

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